L'Echo de la Fabrique : 30 octobre 1831 - Numéro 1

COUPS DE NAVETTE.

M. M*** en haine de la demande des ouvriers, ne veut plus se nourrir que de brioches, parce que son boulanger vend le pain au tarif.

M. B*** disait, avec feu, au café d'Idalie : qu'il mangerait 15,000 francs avant de se soumettre au tarif. Un philantrope lui répondit froidement : N'en mangez que la moitié, monsieur, et donnez l'autre à vos ouvriers qui n'ont rien à manger.

Un vieil adage dit : L'homme propose et Dieu dispose. M. C*** croit que ce sont les masses.

On dit qu'une députation doit partir incessamment du café d'Idalie, pour prier MM. les académiciens de retrancher du dictionnaire le mot tarif.

Certains personnages, croyant les masses toujours prêtes à s'ébranler, monta mardi dernier au sommet de la côte des Carmélites, pour les observer; il fit placer un petit commis sur la tour Pitrat et lui cria : Ne vois-tu rien venir ? — Plein de sa lecture de la veille, celui-ci répondit : Je ne vois que le soleil qui poudroye et l'herbe qui verdoye. Mais, ô terreur ! notre personnage entend marcher au pas redoublé. Il se croit déjà assailli par les masses ; éperdu, il descend la côte en criant : Sauve qui peut ! les voilà ! les voilà !... Pas du tout, c'était un poste qui descendait la garde, et les masses étaient paisibles au foyer domestique.

On dit que nécessité n'a point de loi ; plusieurs négocians font une pétition pour qu'on fasse une loi de la nécessité.

erratum. A la fin de la première colonne, avant dernier alinéa, commençant par ces mots : Ce tarif au minimum, ligne 4, au lieu de : qui sera livré ; lisez, qui sera commencé.

 

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