L'Echo de la Fabrique : 10 juin 1832 - Numéro 33

Veut-on l’explication des révolutions, des émeutes, des épidémies, la voilà, non point en mots pompeux, mais en chiffres exacts : elle se trouve dans l’évaluation de la somme des produits du sol et de toutes les industries en France, avec la fixation de la quotité moyenne à chacun des membres de la communauté.

Revenu net de toutes les propriétés financières : 1,531,508,000 fr.

Excédant du produit brut, ou revenu [5.2]de tous les agens de la culture, y compris les produits immédiats, tels que chevaux, bestiaux, laines, laitages, etc. : 3,118,770,000 fr.

Revenus, salaires ou bénéfices de tous les agens de commerce et de l’industrie, y compris toutes les professions, autres que celles salariées par le gouvernement : 1,746,511,000

Total des revenus généraux avant le prélèvement de l’impôt des octrois, etc. : 6,396,789,000

Supputation de la population du royaume au 1er janvier 1819 : 32,252,000 ames.

La somme totale des revenus, répartie sur le chiffre de la population, donnerait donc pour chaque individu 198 fr. 33 c. par an, ou 54 c. par jour, si tous les revenus n’étaient pas soumis au prélèvement des impôts. Cette somme n’étant pas également répartie, on peut, pour représenter toutes les nuances de richesse ou de misère, diviser la population en douze classes, dont les six premières ne comprennent que 2,252,000 individus, et les six autres 30,000,000, savoir :

CLASSES.
NOMBRE D'INDIVIDUS.
REVENU TOTAL.
PAR TETE.
PAR TETE
et
PAR JOUR.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
152,000
150,000
150,000
400,000
400,000
1,000,000
2,000,000
2,000,000
3,500,000
7,500,000
7,500,000
7,500,000
608,000,000
375,000,000
150,000,000
240,000,000
160,000,000
350,000,000
600,000,000
500,000,000
700,000,000
1,125,000,000
900,000,000
688,789,000
4,000 f
2,000
1,000
600
400
350
300
250
200
150
120
91,84
10 f 96 c
6,85
2,74
1,64
1,10
96 c
82
69
55
41
33
25
32,252,000
6,396,789,000

Il résulte de ce relevé que 22,500,000 personnes formant les trois dernières classes, sont réduites à pourvoir à toutes les nécessités de la vie avec huit sous, six sous et demi et cinq sous par jour. On en concevrait difficilement la possibilité, s’il n’était prouvé que 7 millions et demi de Français ne mangent que peu ou point de pain ; que l’orge, le seigle, la bouillie de sarrazin, les châtaignes, les légumes secs, une médiocre quantité de pommes de terre et de l’eau, sont les seuls moyens d’existence de cette partie de la population, qui est réduite à se chauffer de chaume et de bruyère.

(Extrait des Connaissances utiles.)

 

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