L'Echo de la Fabrique : 26 août 1832 - Numéro 44

NOTE IMPORTANTE.1

Au nombre des causes qui aigrissent les ouvriers contre les fabricans, nous devons citer le refus que font plusieurs d’entr’eux, d’allouer des tirelles a chaque piècei. Refus qu’ils accompagnent souvent, de propos humilians et insultans. Quoique le conseil des prud’hommes ait prononcé dans plusieurs de ses audiences, que les tirelles étaient dues de droit à l’ouvrier2, cet usage n’ayant jamais été abrogé ; plusieurs de ces messieurs les refusent absolument, d’autres ne les accordent à leurs ouvriers, que lorsqu’ils sont menacés d’être traduits à la barre du conseil. C’est ainsi que les esprits s’irritent de nouveau, l’ouvrier ne pouvant pas perdre son temps, et appeler en justice, son fabricant tous les mois, pour lui réclamer une tirelle, il en résulte qu’il est toujours privé de ce qui lui est dû : ces causes ne se présentent au conseil, que lorsqu’elles sont accompagnées d’autres réclamations.

Nous avons reçu, à ce sujet, un grand nombre de lettres, toutes signées, qui toutes indiquent les faits, les refus, les propos, le nom des fabricans. Nous croyons ne pas devoir, pour cette fois, nommer les négocians qui se rendent coupables de pareilles vexations, ni rapporter tous les détails qui nous sont transmis. Mais nous croyons aussi devoir dire, que si de pareilles vexations continuent, nous les signalerons à l’opinion publique.

Notes de base de page numériques:

1 L’auteur de ce texte est J. Falconnet d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
2 La tirelle qui désigne la proportion de déchet autorisé à l’ouvrier était de 3.5%. Cette règle maintenue pendant plus de deux siècles, remise en cause à plusieurs reprises, et sur le point de disparaître au cours de 1831, fut reconnue de façon plus formelle par le conseil des prud’hommes dans une délibération du 21 mai 1835 (source : Alain Cottereau, « Justice et injustice ordinaire » Le mouvement social, n° 141, octobre-décembre, 1987, p. 25-59.

Notes de fin littérales:

i La tirelle peut-être évaluée un franc.

 

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