L'Echo de la Fabrique : 26 août 1832 - Numéro 44

encore une exportation de machines.1

Il n’y a que quelques jours qu’un mécanisme très-compliqué, propre à la fabrication des peignes d’acier à tisser les étoffes, et dont il n’existe qu’un modèle à Manchester, vient d’être transporté en Prusse. Cette machine fabriquait six peignes à la fois et avait permis au sieur Laverrière qui l’avait mis en activité, de faire une réduction de 30 p. % sur les prix ordinaires de ses confrères. Par cette diminution le sieur Laverrière, ne tendait à rien moins que de s’emparer du monopole de la fabrication des peignes, en anéantissant par ses bas prix, toute autre fabrication que la sienne. Ayant échoué dans son projet, il va maintenant porter son invention à l’étranger : après avoir, sans aucun bénéfice, ruiné ses confrères, il va essayer de faire un tort considérable à notre industrie. Si l’on réfléchit que presque toutes les villes de France et de l’étranger s’approvisionnent de peignes à Lyon, qui est encore sans rivale dans cette fabrication (l’Angleterre excepté), et que par l’établissement de cette machine en Prusse, l’étranger profitera non-seulement des avantages du bas prix de ses produits, mais encore sera dispensé d’être notre tributaire, on ne peut s’empêcher de déplorer l’avenir de notre industrie.

C’est ainsi que cette invention qui aurait pu être utile, a d’abord été funeste aux peigniers, et le sera plus tard au commerce lyonnais en général.

Ce fait comme les précédens que nous avons cité, et dont on pourrait trouver beaucoup d’exemples, nous montre le sort réservé à toutes les inventions et à toutes les industries qui n’ont point de direction, et dont le seul guide est l’ambition et l’égoisme.

Dans un moment ou tout devrait être mis en œuvre, afin de soutenir la supériorité que nous nous sommes acquises dans toutes les branches de notre industrie, de pareils exemples ne sont-ils pas décourageans pour l’ouvrier et le fabricant ? enfin le gouvernement ne devrait-il pas ouvrir les yeux, et prendre des mesures rassurantes pour notre fabrique, telles que les circonstances semblent l’exiger ?

F....t.

Notes de base de page numériques:

1 L’auteur de ce texte est J. Falconnet d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

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