L'Echo de la Fabrique : 16 septembre 1832 - Numéro 47

AU MÊME.

[4.1]Sur le droit de péage illégalement perçu à la porte de l’Hôtel-Dieu.

Monsieur,

J’ai lu avec plaisir, dans l’avant-dernier numéro de votre journal, une histoire chronologique de l’Hôtel-Dieu. Je pense que vous l’avez lue puisque vous en rendez compte ; voudriez-vous bien me dire si vous avez trouvé la date de l’ordonnance qui autorise la perception d’un péage à la porte de cet hospice. Il y a déjà long-temps que vous aviez élevé une réclamation à ce sujet, vous ne vous en êtes plus occupé, je ne sais pourquoi ; cependant il me semble que lorsqu’un journal attaque un abus, il ne devrait pas cesser qu’il n’ait obtenu gain de cause.

Pour moi, convaincu que ce péage est arbitraire, je suis déterminé à le refuser la première fois que j’irai voir quelque malade, à moins qu’on ne me justifie du droit en vertu duquel on l’exige. Si l’on m’arrête, il faudra bien ensuite qu’on me dise pourquoi.

On parle tous les jours de légalité, n’est-ce pas aux administrations publiques les premières à s’y conformer.

Agréez, etc.

S. Fav

Note du Rédacteur. – Il est bien vrai que nous n’avons pas trouvé la date de la loi qui permet ce droit de péage, et nous sommes convaincus qu’il n’est pas dû. En langage ordinaire, on appelle cela extorsion ou vol. Nous n’avons rien à dire à notre correspondant, s’il veut jouer le rôle d’un nouvel Hampden, ce sera à ses périls et risques ; mais si, ensuite, il avait besoin de notre aide, nous ne faillirons pas à notre devoir. Nous ne pouvons accepter le reproche qu’il nous fait d’avoir cessé de nous occuper de ce sujet. Un journal ne peut que signaler un abus, insister plus ou moins long-temps sur sa répression ; mais il ne peut s’en occuper toujours ; d’autres soins, même d’autres abus à combattre, le réclament d’une manière aussi impérieuse ; il suffit, et la lettre ci-dessus le prouve, qu’une idée soit donnée au public, elle ne manque pas de germer. La presse jette un cri, il est entendu, et c’est alors aux citoyens à faire leur devoir. Nous profiterons cependant de cette occasion pour inviter une dernière fois l’administration des hospices à éviter un conflit dont le scandale pourra rejaillir sur elle. Qu’elle annonce que ce droit est volontaire, le pauvre visitant le pauvre, en sera affranchi, et l’homme aisé indemnisera et comblera le déficit.

 

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