L'Echo de la Fabrique : 14 octobre 1832 - Numéro 51

AMIS CHANTONS !

1826.

Air : De la partie carrée.

Amis ! chantons, haine à la tyrannie,
Et gloire à ceux qui savent s’en venger :
Honneur au preux qui sert bien sa patrie,
Honte à qui prend pour appui l’étranger :
Poignant remords, cri de la conscience,
Se fait sentir aussi sous les galons :
Nous qui toujours avons chéri la France,
O mes amis chantons !

Amis, chantons ! un Dieu père de l’homme,
Nous a formé pour l’éternel bonheur ;
Ce Dieu n’est pas tel qu’on le fait à Rome,
Il ne veut point régner par la terreur.
Quand, ici bas, pour supporter la vie,
Nous caressons fillettes et flacons :
Il rit, là haut, de notre folle orgie,
O mes amis chantons !

Amis chantons ! buvons au prolétaire,
Que le bonheur visite les mortels.
Dans l’indigent qu’un riche voie un frère,
Que l’amitié relève ses autels.
La douce paix, cette vierge féconde,
Depuis vingt ans veille sur nos moissons ;
Le ciel un jour lui soumettra le monde,
O mes amis chantons !

Amis chantons, la liberté sommeille ;
Conjurons-là d’apparaître à nos rois :
A ses accens que le peuple s’éveille,
Qu’il se connaisse et reprenne ses droits.
Que ce grand jour du Très-Haut soit la fête ;
Il est le roi digne des nations :
Devant lui seul nous qui courbons la tête,
O mes amis chantons !

Amis chantons : ô mort, tu rends notre être.
Au sein de Dieu de qui tout est sorti ;
Ne disons plus : un homme a cessé d’être,
Mais pour les cieux un convive est parti :
Que les méchans craignent l’heure suprême
Qui rend égaux la pourpre et les haillons.
Nous ne portons ni thiare ni diadême :
O mes amis chantons !

p. corréard.

 

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