L'Echo de la Fabrique : 18 novembre 1832 - Numéro 56

 LITTÉRATURE.1
LE TRANSFUGE

par m. kauffmann.2

Sous ce titre abhorré, l?auteur de la Célestinade et de plusieurs poésies étincelantes de verve et de patriotisme dont la Glaneuse a enrichi ses colonnes, s?adresse au Bourmont de la littérature, à l?infâme et vénal Barthélemy.

Il est monté si haut, poète audacieux,
Que nul n?a pu le suivre en son vol vers les cieux.
Icare qui savait des routes si nouvelles,
Au soleil du pouvoir il a brûlé ses ailes :
Et dans ce vol brillant, tout à coup arrêté,
Aux lieux dont il partit il est précipité.
Il retombe si bas qu?au plus lâche parjure
Son nom s?attachera comme dernière injure !?
?
Lui, l?effroi des puissans, qui d?un poignard moqueur,
Dans leurs flancs cuirassés, allait fouiller leur c?ur,
Et le jetait à nu sur la publique arène,
Pour racheter ses coups, qu?à leurs pieds il se traîne !
Qu?il aille dans leur camp porter pour sa rançon,
De son glaive brisé l?inutile tronçon !
L?astre de liberté, qui bientôt doit éclore,
Et projeter au loin son éclat tricolore,
Au front des nations brillera-t-il moins beau,
Pour un reflet qui manque à son large flambeau ?
?
C?est que tu n?es plus rien, non rien, sans tes beaux vers,
Qu?un seul homme en regard de l?immense univers !
Sans la faire pencher, c?est qu?en vain se promène
Un atome de plus, dans la balance humaine !

Il y a dans cet opuscule, non seulement de beaux vers ce qui devient commun à Lyon, du patriotisme ce qui est encore moins rare, mais de la philosophie et un reflet de l?astre Voltairien.

Notes de base de page numériques:

1 L?auteur de ce texte est Marius Chastaing, d?après la Table de L?Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
2 A.-Sébastien Kauffmann (1800-1868) est l' auteur de : Le Transfuge, à Barthélemy, publié à Lyon à l?imprimerie J. Perret en 1832.

 

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