L'Echo de la Fabrique : 23 décembre 1832 - Numéro 61

 

Nous avons reçu de M. Vaormelingen une lettre en réponse à celle de M. Jacob, insérée dans le n° 58 du journal. Il persiste à soutenir que les mouchoirs, objet de la contestation, devaient lui être payés 3 fr. au lieu de 2 fr. 75 c. Il articule, pour preuve, que dans les livres que M. Tocanier a montrés au conseil, pour établir qu?il ne payait, habituellement, que ce dernier prix, ce négociant a omis, à dessein, de présenter celui de M. Mezière, auquel le prix de 3 fr. est payé. Il prétend ne pas s?être enfui et avoir eu le droit d?emporter ses effets ; et que, à l?égard de l?accusation que M. Jacob fait peser sur lui, d?avoir fouillé dans ses meubles pour prendre son livre, cela n?est pas : le livre était sur le lit, et en le prenant, il a eu soin d?avertir les autres ouvriers.

Nous aurions pu nous dispenser d?insérer cet extrait de la lettre de M. Vaormelingen, attendu que la lettre à laquelle il répond n?était elle-même qu?une réponse de M. Jacob à celle qu?il avait précédemment écrite. Nous déclarons donc que nous refuserons, à l?avenir, toute insertion relative à ce débat. Nos colonnes sont ouvertes à toutes les réclamations, mais il n?en résulte pas qu?elles doivent se remplir d?altercations sans fin sur des intérêts privés qui ne sauraient intéresser les lecteurs en général.

Nous avons aussi reçu de M. Pugin cadet, chef d?atelier à la Croix-Rousse, une lettre par laquelle il se plaint de la conduite de M. Bruyère, commis chez MM. Félissent frères. Il expose qu?il n?a qu?un métier qui travaille. Le 14 de ce mois il rendit sa pièce, en demanda une nouvelle à ce commis, et 60 fr. M. Bruyère lui répondit avec hauteur qu?il n?y avait point de pièce, et qu?il n?avait qu?à rendre ses comptes, qu?on le solderait. Le sieur Pugin s?adressa à M. Félissent qui lui promit de suite, avec bonté, une pièce pour le lendemain, et en remit la note sur-le-champ à l?ourdisseuse. Le lendemain le sieur Pugin retourna au magasin chercher cette pièce ; il trouva le même commis qui lui dit : Que venez-vous chercher ? Cependant il était présent, la veille, lorsque son chef avait promis cette pièce : sur l?observation que le sieur Pugin lui en fit, le sieur Bruyère répondit qu?elle ne serait prête que le lundi suivant. Cela était faux ; car elle l?était ainsi que le sieur Pugin en fut convaincu, étant allé de suite chez l?ourdisseuse qui était sur le point de la porter au magasin. Le sieur Pugin ne sachant à quoi attribuer cette tracasserie, nous a prié de la signaler.

Nous accueillerons toujours avec empressement les réclamations de ce genre. Il faut mettre au pilori de l?opinion publique ces hommes égoïstes et durs qui méprisent l?ouvrier, l?homme malheureux, et se plaisent à tracasser un père de famille. M. Bruyère et ses pareils ne connaissent sans doute pas le besoin ni le prix d?une journée de travail. Que cette leçon leur soit profitable.

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique