L'Echo de la Fabrique : 4 décembre 1831 - Numéro 6

Le Roi, touché des malheurs dont est accablée la classe manufacturière de notre ville, a adressé à M. le préfet la lettre suivante, que ce magistrat s'est empressé de faire afficher ainsi que sa proclamation :

Paris, le 24 novembre 1831.

Monsieur le préfet,

Je m'empresse de vous informer que le Roi, touché des besoins qu'éprouvent les manufactures d'étoffes de soie de Lyon, et désirant, dans sa bienveillante sollicitude, contribuer, autant qu'il peut dépendre de lui, à faire renaître leur prospérité, a bien voulu destiner une somme de six cent quarante mille francs pour être employée en commandes d'étoffes d'ameublement, réparties entre les principaux fabricans de cette ville. Je m'estime heureux, Monsieur le préfet, d'avoir à vous transmettre ce témoignage de la bienfaisance toute particulière de Sa Majesté pour les fabriques de Lyon.

Suivant les intentions exprimées par le Roi, je vous prie, Monsieur le préfet, de vouloir bien me faire connaître le nom des manufacturiers qui vous paraissent susceptibles de participer à l'exécution de ces travaux, et, à cet effet, j'ai l'honneur de vous adresser une note qui m'a déjà été fournie pour cet objet ; dans le cas où quelques noms vous paraîtraient devoir être ajoutés à ceux qui composent cette liste, je vous serais fort obligé de me les indiquer.

J'aurai soin de vous transmettre incessamment un état détaillé indiquant les quantités et la nature des étoffes de soies réclamées par les besoins du mobilier de la couronne, et qui doivent faire partie de la commande dont il s'agit.

Recevez, Monsieur le préfet, l'assurance de ma considération très-distinguée.

L'administrateur provisoire de l'ancienne dotation de la couronne,
Baron Delaitre.

Lyonnais !

Je mets d'autant plus d'empressement à porter à votre connaissance un nouvel acte de la bienveillance du Roi pour votre belle industrie, que j'y vois un présage assuré d'une prochaine et entière réconciliation.

Hâtons-nous donc de répondre à tant de bontés, en faisant disparaître les derniers vestiges de nos dissensions, et en montrant, par le rétablissement complet de l'ordre légal, que la politique a toujours été en dehors de leur cause.

En l'hôtel de la préfecture, le 27 novembre 1831.

Le conseiller-d’Etat, préfet du Rhône, Du Molart.

[5.2]Le lendemain 28, la préfecture fit apposer aussi le placard suivant :

PRÉFECTURE DU RHÔNE.

Lyonnais !

Quittez votre deuil et revêtez vos habits de fête. S. A. R. le Duc d'Orléans arrive dans nos murs. C'est l'arc-en-ciel qui annonce la fin de l'orage. Que les dernières traces de vos cruelles discordes disparaissent, et que l'unanimité de vos acclamations lui fassent connaître que, dans vos funestes égaremens, vous avez conservé tout votre amour pour la dynastie dont votre courage a secondé l'élévation.

Vive le Roi !!!

Lyon, en l'hôtel de la préfecture, le 28 novembre 1831.
Le conseiller-d'Etat, préfet du Rhône, Du Molart.

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique