L'Echo de la Fabrique : 20 janvier 1833 - Numéro 3

 

AU RÉDACTEUR.

Lyon, 14 janvier 1833.

Monsieur,

Votre journal est ouvert à toutes les réclamations qui intéressent la classe ouvrière ; je viens vous signaler une grande infortune à soulager.

Le sieur Descœurs, ouvrier en soie, rue du Vieil-Renversé, n° 4, n’ayant qu’un métier, père de deux enfans en bas âge dont l’un est encore nourri par sa femme, crut pouvoir, dans sa misère, s’adresser à la caisse de prêts afin d’obtenir quelques secours. Il lui fallait un livret, il alla le demander au sieur Valançot, négociant, montée du Griffon. Ce dernier lui refusa d’abord, et comme il ne voulait pas non plus faire aucune avance au sieur Descœurs, celui-ci fut obligé de persister. M. Valançot lui le délivra alors en lui disant Vous vous en repentirez. Descœurs alla toucher à la caisse la faible somme de 40 fr., et comme M. Valançot en fut instruit il lui fit dire le lendemain d’aller chercher de l’ouvrage ailleurs. Frappé de ce coup, le malheureux a perdu la tête… sa raison s’est égarée… Voilà l’ouvrage de M. Valançot. Que de tristes réflexions cela fait naître. Sans doute la caisse de prêts doit prendre ses sûretés, mais s’il y avait moyen de soustraire l’ouvrier de bonne foi à l’humiliation de demander un livret au négociant pour lequel il travaille, et de prévenir par là la vengeance de ceux que cela contrarie nous ne savons pourquoi. M. le Rédacteur ce sujet mérite toute votre attention.

En attendant, une femme et deux enfans sont sans ressources, leur chef, leur appui naturel ne peut plus être pour eux qu’une charge. Je vous propose d’ouvrir une souscription en faveur de cette famille désolée. Simple ouvrier moi-même, je vous apporte ma faible offrande en vous garantissant l’exactitude des faits ci-dessus.

J’ai l’honneur, etc.
Bouchet,
Chef d’atelier, montée St-Barthélemy, n° 21.

1re liste de souscription.

M. Bouchet, 1 fr. – Le gérant et le rédacteur en chef de l’Echo, 2 fr.

 

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