L'Echo de la Fabrique : 3 février 1833 - Numéro 5

 APPEL

a tous les hommes philanthropes
en faveur
Des Ouvriers invalides blessés dans les journées de Novembre 1831.

[3.2]C’est avec confiance que nous nous adressons à vous, citoyens de toutes les classes, de toutes les opinions. Dieu nous garde de raviver des sentimens pénibles : loin de là : nous faisons un appel à l’humanité civique comme à la charité chrétienne ; que l’humanité, que la charité seules y répondent.

En ce moment des hommes, des concitoyens souffrent et languissent mutilés, incapables de travail. Ils ont reçu, il est vrai, des secours, mais faibles, précaires, rien ne leur garantit l’avenir.

La misère a le droit d’être soupçonneuse et impatiente ; maudit soit celui qui la trouve importune !

Nous vous dirons franchement la pensée qui anime les malheureuses victimes de novembre, elles craignent l’oubli qui s’attache aux vieilles infortunes ; nous le craignons aussi pour elles. Cette crainte a quelque chose d’amer pour nous ; combien doit-elle donc leur être insupportable ?

Les journées de novembre sont déjà loin de nous, et nous devons nous en applaudir ; mais, puisqu’il en est encore quelques-uns auxquels il est impossible d’en perdre le souvenir, que leurs maux, leur misère rappellent à chaque instant, faisons que ce souvenir devienne de plus en plus moins douloureux. Nous y parviendrons, lorsque par leur misère adoucie, par leurs maux soulagés, ils auront appris à voir dans chaque compatriote un frère compatissant. Alors, mais seulement alors novembre pourra, sans exciter aucune sensation fâcheuse, ramener son funèbre anniversaire.

Chefs d’atelier, compagnons, apprentis, vous tous citoyens généreux ! notre voix ne se sera pas fait entendre en vain, nous l’espérons.

Vous avez eu des larmes et des offrandes pour les réfugiés de tous les pays. Vous ne pouvez être insensibles au malheur de vos frères, aux victimes d’une dissention civile.

Peu de chose suffit pour fonder une caisse de secours annuel pourvu qu’un grand nombre de citoyens se joigne à nous dans cette œuvre pie.

Nous ne demandons que la faible cotisation de vingt-cinq centimes par mois.

Quel Lyonnais ayant un cœur d’homme la refusera !

Lyon, le 28 janvier 1833.

La Commission exécutive :
Bouvery, président ; Falconnet, vice-président ; Labory, trésorier ; Duchamp, Souchet, Carrier, membres ; Marius Chastaing, secrétaire.

 

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