L'Echo de la Fabrique : 10 février 1833 - Numéro 6

 

Funérailles d’un chef d’atelier.

André Cointe, fabricant d’étoffes de soie, est décédé à Lyon le 2 février courant, à l’âge de 36 ans environ. Plus de huit cents personnes, confrères et amis, ont suivi sa dépouille mortelle au champ du repos. On y remarquait un grand nombre de compagnons dits ferrandiniers. Le plus grand recueillement, l’ordre le plus parfait ont présidé à cette marche solennelle du domicile du défunt au cimetière de Loyasse, où il a été inhumé. Un discours a été prononcé sur sa tombe par un chef d’atelier ; la vie obscure et paisible d’un ouvrier ne permettait pas de déployer les ressources de l’éloquence. Cependant le récit des simples vertus d’un prolétaire, le tableau des misères humaines et l’espérance d’une vie plus heureuse dans un monde meilleur, ont fourni à l’orateur quelques morceaux qui ont ému les assistans au delà de toute expression. Nous prenons acte de cette cérémonie pour montrer le progrès des mœurs populaires.

La tombe de Cointe, comme le banquet des actionnaires [2.1]de l’Echo témoignent de la révolution morale dont la société est en travail. Nous le répétons avec conviction, le peuple est aujourd’hui digne de toute liberté.

Une collecte a suivi cette triste cérémonie, et a produit la somme de 33 fr. 75 c., qui a été distribuée à deux blessés de novembre.

 

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