L'Echo de la Fabrique : 3 mars 1833 - Numéro 9

 

L?Erratum renouvelé.

OU RESTE DE DROIT A MM. PELLIN ET BERTRAND.

Errare humanum est.

Dans le n° 7 du journal, nous crûmes devoir traiter en thèse générale la question suivante : Abus des supplémens de salaire portés sur les livres comme bonification. A la ligne 17 de cet article, se trouve, entre deux parenthèses, et comme pour servir d?exemple, la phrase suivante : (Nous connaissons un chef d?atelier, auquel MM. Pellin et Bertrand ont été condamnés à payer fr. 50 c. l?aune, qu?ils avaient eu l?incroyable idée de marquer 90 c.). La vérité est que nous avions commis une erreur en attribuant ce fait à MM. Pellin et Bertrand, c?est à MM. Sandier et Tholozan qu?il doit l?être, ainsi que les lecteurs attentifs ont pu facilement s?en convaincre en lisant à la page suivante, au titre des réclamations, celle de M. Chardonnait, où ce fait est amplement détaillé.

Aussitôt que nous nous sommes aperçus de cette erreur, nous fîmes dans le n° suivant, en tête du journal, un errata dans lequel elle fut rectifiée.

MM. Pellin et Bertrand auraient dû en prendre leur parti et s?en consoler ; car enfin, suivant la parole d?un jurisconsulte philosophe (Servan) : Quand une fois la presse a incorporé l?erreur au papier, on verserait en vain des larmes de sang pour l?effacer. Dieu ne peut pas faire qu?un bâton n?ait pas deux bouts ; et, avec la meilleure volonté du monde, nous ne pouvions pas faire qu?une erreur commise n?eût pas existé, qu?un nom n?eût pas été substitué à un autre. Nous ne pouvions que reconnaître l?erreur signalée, et nous l?avions fait avec empressement. Un errata doit suffire pour réparer une erreur de bonne foi.

Aussi, nous nous attendions qu?à l?audience la plainte serait loyalement abandonnée à cet égard ; nous avons donc été cruellement désapointés en voyant l?insistance de MM. Pellin et Bertrand; insistance telle qu?elle a provoqué les murmures de l?auditoire. Le tribunal en a fait justice et nous a renvoyés de la plainte sur ce chef. Il appartenait à M. Delandine dont le père a dit : Et si l?erreur n?est que trop souvent l?apanage de l?homme, il faut bien que l?homme pardonne à l?erreur ; il lui appartenait, disons-nous, de faire taire la mauvaise humeur implacable de MM. Pellin et Bertrand.

[05.2]Pour nous, quoique déliés à cet égard de toute obligation, même morale, nous voulons faire reste de droit à ces messieurs, en renouvelant par le présent erratum, la rectification que nous avons déjà faite. Nous y trouvons, il est vrai, l?avantage de débarasser la cause d?un incident qui serait aujourd?hui, nous l?espérons du moins, plus que futile. Les plaintes de MM. Manarat et Barnoux subsistent ; c?est à celles-là seules qu?il faut que MM. Pellin et Bertrand s?attachent et répondent. Sur ce terrain, le Gérant de l?Echo les attend.

Le Rédacteur en chef,

Marius Chastaing.

 

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