L'Echo de la Fabrique : 3 mars 1833 - Numéro 9

 

Réclamations.

M. Galliard, négociant, réclame contre la note de MM. Martin et Tranchand, insérée dans notre dernier numéro (v. l’Echo, n° 8, p. 59), il explique qu’il n’a jamais eu l’idée de se rétracter de sa parole, qu’il s’est engagé d’honneur à payer le même prix que ses confrères, et qu’il tiendra scrupuleusement cet engagement, mais que ses commis ont marqué par erreur sur le livre du sieur Martin le prix contre lequel ce dernier a réclamé ; il est étranger à cette erreur, et n’a aucunement l’intention de s’en prévaloir.

Note du Rédacteur. Nous n’attendions pas moins de la loyauté connue de M. Galliard. C’est par des explications franches et amicales qu’on prévient toute collision fâcheuse ; nous sommes les défenseurs des ouvriers, mais non les ennemis systématiques des négocians, et toutes les fois que nous pourrons rendre justice à un de ces derniers, comme dans cette occasion, nous le ferons avec plaisir.

MM. Sandier et Tholozan nous écrivent et déclarent que les assertions contenues contr’eux dans les n°s 7 et 8 du journal relatives à leur différent avec M. Chardonnait, sont fausses, et produisent à l’appui la déclaration suivante :

« Nous, soussignés, membres du conseil des prud’hommes de la ville de Lyon, désignés par ledit conseil, [06.2]pour concilier le différent qui existait entre les sieurs Sandier et Tholozan, fabricans, d’une part ; et le sieur Chardonnait, chef d’atelier, d’autre part.

Certifions que la conciliation suivante, proposée par nous, a été acceptée par les deux parties :

 La pièce qui avait trente aunes, restera portée à façon à un franc l’aune.

2° Il sera alloué au sieur Chardonnait une indemnité de quinze francs.

Nous certifions de plus que nous n’avons point entendu établir une augmentation du prix de la façon, mais bien allouer un défrayement.

Lyon, le 28 février, 1833.

Signé Gamot. Signé Labory.

Note du rédacteur. Au moyen de la déclaration ci-dessus les faits imputés à MM. Sandier et Tholozan (Voy. l’Echo, n° 7, p. 50), perdent toute leur gravité, et M. Chardonnait nous aurait induit en erreur. Cependant nous devons suspendre notre jugement et attendre que ce chef d’atelier réponde au démenti formel que MM. Sandier et Tholozan donnent à sa plainte. Un fait néanmoins reste intact, c’est que M. Chardonnait demandait 1 fr. 50 c. de l’aune et il lui est alloué justement cette somme. MM. Labory et Gamot auraient dû dans leur déclaration expliquer à quel titre ils ont entendu accorder un défrayement, et pourquoi ils se sont refusés à condamner les négocians à l’augmentation de salaire qui était demandée par l’ouvrier, augmentation qui, en un mot, était ou n’était pas dûe, et qu’il serait jésuitique d’avoir accordé en ayant l’air de la refuser. Leur silence laisserait des doutes fâcheux que nous sommes bien aises d’anéantir, car on sait que souvent un certificat s’accorde à l’importunité ou à des considérations particulières. Nous accueillerons avec plaisir dans notre prochain numéro une note explicative. Nous y sommes intéressés moralement, nous ne voulons pas qu’on puisse nous accuser d’avoir publié légèrement une plainte, et si le sieur Chardonnait, ouvrier considéré, avait à ce point abusé de notre bonne-foi, nous serions dans le cas d’être à l’avenir plus sévères à l’égard de ses confrères. Nos colonnes sont ouvertes à tous les griefs des ouvriers, mais bien entendu à condition que ces griefs seront réels. Attendons les explications que nécessite cet imbroglio.

 

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