L'Echo de la Fabrique : 24 mars 1833 - Numéro 12

THÉRAPEUTIQUE.

frictions électriques de m. le molt1.

[7.2]L’Académie royale de médecine a consacré par la plus honorable approbation, l’importance et l’utilité de l’établissement des frictions électriques que M. Le Molt a fondé à Paris, et qui est sous la direction du docteur Le Ber, place Vendôme, numéro 16.

L’influence médicale de l’électricité ne peut plus être révoquée en doute, tota vita consistit in stimulo et vi vitali. L’électricité agit d’une manière efficace sur nos organes. De nombreuses expériences, suivies de cures remarquables faites depuis près d’un siècle, attestent les notables avantages qu’on peut obtenir de l’administration de cet agent dans le traitement de la plupart de ces affections graves, si souvent rebelles aux secours ordinaires de l’art.

Le corps humain contient une portion d’électricité qui lui est propre ; mais il peut arriver qu’il en soit privé ou saturé à l’excès, par des causes qui tiennent à l’état de la maladie ou de l’atmosphère. Dans l’un ou l’autre cas, il paraît nécessaire de le soumettre à l’action des appareils électriques, soit positifs, soit négatifs.

Cependant un obstacle assez grave, le défaut d’instrumens servant à transmettre le fluide d’une manière convenable, est venu plus d’une fois entraver les tentatives du médecin ou rendre nuls tous ses efforts. Les douleurs excitantes, styptiques, pongitives, causées par la commotion ou les étincelles, ne pouvant être supportées par tous les malades, il a fallu souvent et malgré soi renoncer à l’emploi d’un agent sur lequel on avait fondé de grandes espérances ; et de là ce découragement suivi de l’abandon coupable d’un des moyens curatifs les plus actifs et les plus puissans.

Il était réservé à Le Molt de remplir cette lacune, en réalisant l’invention de la brosse électriquei, dont la construction est basée sur la plus ingénieuse théorie. A l’aide de cet appareil, le fluide est largement étendu sur la partie affectée, d’une manière égale, continue, sans intermittence ; ni commotion, ni étincelles, ni douleur. Ce nouveau mode de transmission a l’immense avantage de produire une double excitation : la première, à la manière de la friction ordinaire, sur les tissus extérieurs, et la seconde intérieure et pénétrante dans tout le système nerveux, musculaire et sanguin. Il favorise aussi la transpiration, développe la circulation, donne du ton et de la force aux organes qui en sont privés, procure un délassement et un sommeil salutaires, et devient la source des excitations les plus variées ; excitations qui d’ailleurs peuvent être développées ou modifiées par des appareils positifs ou négatifs, suivant que le réclament la nature de l’affection, l’âge, la constitution ou la susceptibilité nerveuse des malades. Aussi des succès inespérés, obtenus depuis près de deux années, sont-ils venus couronner l’application d’une belle découverte dans les paralysies, affections rhumatismales ou nerveuses, goutte sciatique, engorgemens lymphatiques, hypocondrie, atonie.

D’autres appareils inventés et perfectionnés par M. Le Molt, parmi lesquels on distingue les sondes électriques, les douches et injections d’eau électrisées, soit végétales, soit minérales, sont mis aussi en usage avec un rare bonheur, dans le traitement des fleurs blanches, pâles couleurs, retard ou suppression des règles, paralysie des voies urinaires, incontinence d’urine, surdité récente, incertains cas de stérilitéii.

Et toutes les affections qui ont pour cause un défaut de force ou de circulation.

(Communiqué.)

Notes de base de page numériques:

1 Félix Le Molt, médecin français, soutint sa thèse de médecine à Strasbourg en 1819, sur la phtisie pulmonaire, et la publia chez F. G. Levrault. Il est également auteur d’une Notice sur Bourbonne et ses eaux thermales parue en 1830.

Notes de fin littérales:

i La brosse électrique dont on a tenté autrefois de faire usage était une boule d’étain recouverte de flanelle. Comme elle produisait la crépitation électrique et causait au malade un fourmillement insupportable, on a dû y renoncer. Ce n’était au surplus qu’un simple excitateur.
ii Ceux qui, par exemple, proviennent d’une atonie ou d’un relâchement des organes sexuels.

 

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