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21 avril 1833 - Numéro 16
 
 

 



 
 
    

Nous publions sans commentaire l’adresse suivante des ouvriers tailleurs de pierre aux ouvriers en soie, car nos paroles seraient trop au-dessous des sentimens que sa lecture fait naître.

Nous remercions, en ce qui nous concerne, les ouvriers tailleurs de pierre du souvenir honorable qu’ils veulent bien nous accorder. Il nous est doux de recevoir au milieu du combat et avant la victoire, le salaire de nos faibles mais consciencieux travaux.

Nous avons encore beaucoup à faire pour être dignes de cette récompense ; nous le ferons. Nous puiserons de nouvelles forces dans ce témoignage de la sympathie de nos concitoyens. Forts de cet appui que nous trouvons dans l’opinion publique, nous continuerons, sans craindre les entraves que les ennemis de la cause sacrée à laquelle nous avons voué notre existence, pourraient nous susciter, nous continuerons à marcher d’un pas ferme vers le but que nous nous sommes proposé : l’émancipation physique et morale de la classe prolétaire. Dieu et la liberté nous soient en aide. God and liberty (Voltaire à Franklin)1.

Aux ouvriers en soie.
Nous nous empressons de vous manifester notre reconnaissance [1.2]pour la généreuse sympathie que vous avez témoignée pour nos frères détenus : le journal qui s’est spécialement consacré à la défense de vos intérêts, s’est hâté de nous offrir son appui ; nous sommes heureux et fiers de cette bienveillance. Le temps n’est plus où nos industries se poursuivaient d’injures et de violences mutuelles ; nous avons enfin reconnu que nos intérêts sont les mêmes, que loin de nous haïr, nous devons nous aider, et qu’un esprit de confraternité doit nous unir tous. De tant de faisceaux séparés ne formons qu’un seul faisceau : les travailleurs ne peuvent améliorer leur sort que par une association toute fraternelle ; puisse votre exemple amener enfin l’oubli de toute funeste rivalité ; puissent toutes les professions se donner la main ! A vous appartiendra l’honneur d’un aussi noble résultat.

Recevez en particulier, M. le rédacteur, l’expression de notre gratitude pour vos généreux et constans efforts en faveur de la cause sainte de l’émancipation des prolétaires.

Pour nos frères, les tailleurs de pierre :

Signés : Savigny, Doyen, Tissier cadet, Tissier aîné, Baron, Berger, Taboulat, Louis Aimard, Gentil, Respaux, Boiron, Cousin, Pain, Mouchard, Bourgeois, Bidault, Berset, Vallèle, Perrin, Sourd père, Sourd fils, Trouvet, Michelon, Guillermin, Pilloud, Escudié, Goujon, Hourlat, Goubre, Perruquet, Imbert, Aspet, Guillaume, Aubriaque, Uze, Carret, Peterre, Drevet, Perrin cadet, Deschamp, Lefroid, Chabout, Venture, Chatte, Faure, Chapotton, Constant, Constantin, Bellevêque, Durand, Barthès, Lizet fils, Marchand, Michelon, Berguirailles, etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc., etc.

Notes (Nous publions sans commentaire l’adresse...)
1 Référence ici aux mots de Voltaire, en 1778, lors du séjour diplomatique de Benjamin Franklin à Paris, l’homme d’État américain sollicitant l’aide des français dans la guerre que menaient alors ses compatriotes contre les Anglais.

 

 

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