L'Echo de la Fabrique : 5 mai 1833 - Numéro 18

Procès de l’Echo de la Fabrique.

Notre gérant comparaîtra mercredi prochain, mai courant, à neuf heures du matin, devant la chambre des appels de police correctionnelle de la cour de Lyon, place de Roanne. Me Chanay est chargé de la défense de l’Echo. Tout éloge dans notre bouche serait maintenant déplacé.

Nous sommes loin de redouter cette seconde épreuve judiciaire à laquelle nous allons être soumis. Nous l’avons sollicitée nous-mêmes, bien moins dans notre intérêt que dans celui de la classe que nous représentons.

Il importe que notre droit soit constaté, de faire dans le rapport des négocians et des ouvriers, ce que nos confrères politiques font chaque jour dans une autre sphère. La question de la diffamation sera donc plaidée [1.2]et présentée sous un aspect nouveau. Comme nous l’avons dit déjà, cette cause sort de l’ornière de celles que les tribunaux jugent. Elle est née de la marche progressive de l’esprit humain. C’est une théorie neuve que nous produirons, et qu’il nous sera sans doute permis d’établir.

Nous croyons ne devoir le silence qu’à la vie privée, mais nous ne pensons pas que le négociant dans son comptoir, traitant avec ses ouvriers, fasse un acte de la vie privée ; est-ce une erreur de notre part ? C’est là le point en litige ; il faut qu’il soit résolu en faveur des ouvriers, ou bien ces derniers pourraient chercher ailleurs que dans l’Echo la représaille des maux qu’ils endurent, des injustices qui trop souvent les accablent. Serait-ce sans danger pour la société ? Nous serions heureux de le penser.

Dans l’état actuel de nos mœurs, la presse est un correctif. Si on l’entrave, que restera-t-il.

 

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