L'Echo de la Fabrique : 18 décembre 1831 - Numéro 8

Dans une circulaire de M. le ministre du commerce aux préfets, relative aux deux millions accordés par la loi du 6 novembre, pour secours au commerce et à l'industrie, nous remarquons que M. d'Argout 1« leur annonce qu'il s'est formé à Lyon, sous le nom de caisse de prévoyance, un établissement nouveau qui prêtera aux chefs d'ateliers, sous la garantie de leurs livrets, et par conséquent avec la réserve d'être remboursé par une retenue sur leur travail futur.

Ce secours, dit-il, est particulièrement destiné à détourner l'ouvrier qui, dans les manufactures, travaille [3.2]à domicile, et communément se trouve propriétaire d'un ou plusieurs métiers, de vendre ou mettre en gage son mobilier industriel dans les temps où l'ouvrage lui manque. Si une pareille institution pouvait utilement s'appliquer à votre département, ou si on trouvait à en proposer quelqu’autre semblable, comme s'exprime la loi, je serai très-disposé à y concourir, en accordant pour cela une somme sur le crédit de deux millions, toujours en simple prêt. »
(Journal du Commerce.)

M. Du Molart avait fait part à la commission des ouvriers de la demande faite par lui au ministère, d'une somme de 4 à. 500 mille fr. pour former à Lyon une banque de prêt, mais nous ignorions qu'elle fût établie ; car aucun chef d'atelier, que nous sachions, n'a reçu la moindre somme à titre de prêt de cette banque.

Notes de base de page numériques:

1 Antoine Maurice Apollinaire comte d’Argout (1782-1858) exerça d’abord une carrière préfectorale avant d’occuper plusieurs postes ministériels au cours des années 1830, le ministère de la Marine et des Colonies (17 novembre 1830 - 13 mars 1831), le ministère du Commerce et des Travaux publics (13 mars 1831 - 31 décembre 1832), le ministère de l’Intérieur et des Cultes (31 décembre 1832 - 4 avril 1834) et enfin le ministère des Finances (18 janvier - 6 septembre 1836). Il est nommé ensuite gouverneur de la Banque de France (le 9 septembre 1836), il restera à ce poste quinze ans avant de devenir sénateur sous le Second Empire.
D’abord proche du pouvoir monarchique, il est le porte-parole de Charles X durant la révolution de 1830, il se rapproche ensuite des idées libérales entraînant son éviction en avril 1834 du gouvernement par les doctrinaires. Son retour aux fonctions ministérielles est assez bref se voyant contraint de quitter le ministère des Finances après l’échec de Thiers. Son ralliement au régime de Napoléon III accentuera encore l’ambiguïté de ses engagements politiques. Référence : Benoît Yvert (dir.), Dictionnaire des ministres de 1789 à 1989, Librairie Académique Perrin, 1990, p. 103-104.

 

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