L'Echo de la Fabrique : 12 mai 1833 - Numéro 19

 

de mes chanay, charassin, bacot et michel-ange perrier.

Un bruit qu?on se hâtera sans doute de démentir circule dans Lyon. On assure que MM. Chanay, Charassin, Bacot et Michel-Ange Perrier sont déférés au conseil de discipline des avocats, et que le ministère public demande leur radiation du tableau. Le crime qu?on leur impute est celui d?avoir rédigé la consultation qui a paru dans la Glaneuse et le Précurseur du 28 avril dernier, et qui démontre l?illégalité de l?arrêté de M. le préfet contre le banquet offert à MM. Garnier-Pagès, Dupont et autres défenseurs de la liberté de la presse. Ce serait là la seule réponse que M. le préfet aurait trouvé possible à cette consultation, modèle de convenance et de talent, et deux avocats (MM. Valois et Faye) siègent au conseil de préfecture !? D?autres méfaits, il est vrai, viennent se joindre à cette consultation. On reproche à Me Chanay, par exemple, la défense des tullistes, des tailleurs de pierre, de Monnier, de l?Echo de la Fabrique ; à Me Charassin, sa brochure sur le salaire du clergé ; à Me Bacot, son article sur les arrestations préventives inséré dans l?Echo ; à Me Perrier, sa présence en novembre 1831 dans les rangs des ouvriers, la défense de la Glaneuse, etc. A tous la position élevée qu?ils ont prise dans notre cité. Mais tous ces griefs réunis n?ont rien de commun avec la profession d?avocat ; ils doivent échapper par conséquent à la censure du conseil de discipline chargé seulement de veiller à ce que les membres qui composent l?ordre des avocats, ne le compromettent par défaut de probité, de moralité, etc. Mais se faire une arme d?un conseil de discipline, ce serait ridicule si ce n?était atroce. Que dirait la France si Mes Odilon-Barrot, Garnier-Pagès, Berryer, etc., étaient exclus du nombre des avocats ; ce serait cependant la même chose, les hommes et les lieux seuls étant changés. Si une pareille infamie pouvait avoir lieu, si des magistrats (nous aimons à en douter), se trouvaient [4.1]capables de traduire devant un conseil de discipline des avocats à raison de faits étrangers au barreau, si un conseil de discipline osait porter jusque-là son investigation, nous répéterions ce que nous avons dit naguère, l?avocat, ce type de la liberté moderne, porte des chaînes !? il est esclave d?un conseil de discipline. (Voy. l?Echo, supplément au n° 9, p. 74, note.) Alors nous dirions à Mes Chanay, Charassin, Bacot et Perrier, rendez encore un service à la société : déposez cette toge qui loin de garantir votre indépendance, la compromet ; brisez cette chaîne du privilége, et venez comme citoyens prêter votre ministère sacré à vos concitoyens. Venez continuer à les défendre dans leur honneur, dans leur vie, dans leurs biens ; venez comme amis si vous ne le pouvez plus comme avocats. Les cliens ne vous manqueront pas. Le privilége vous rendait esclaves ! Soyez libres et renoncez au privilége.

 

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