L'Echo de la Fabrique : 19 mai 1833 - Numéro 20

NOTICE SUR LE CAOUT-CHOUC.

Le Caout-Chouc ou gomme élastique est le produit de la résine de l’héré, arbre de l’Amérique méridionale. On le recueille sur cet arbre en lui donnant la forme d’une poire au moyen d’un morceau de terre grasse sur lequel on fait découler la résine, et qu’après l’opération on extrait de la poire.

Ce produit merveilleux, qui prend toutes sortes de formes et sert utilement à mille objets différens, avait déjà été employé avec quelque succès par M. Besson, de Bordeaux, dans les années 1794 et 1793. M. Champion, mentionné honorablement par la société d’encouragement pour ses tissus hygiéniques imperméables, avait également fait des essais heureux en 1811 sur le Caout-Chouc ; mais l’Angleterre notre rivale en industrie, avait le droit, sinon de revendiquer l’honneur de cette belle invention manufacturière, du moins prouver qu’elle en fait l’heureuse application. Il est à-peu-près certain que c’est aux chimistes français que l’on doit les premières expériences pour dissoudre la gomme élastique. Marqui s’en occupa d’abord, et, après lui, de célèbres savans ; mais on fit long-temps de vains essais pour réduire la gomme élastique en fils propres au tissage.

Parmi les industriels français, M. Bernard fut le premier qui fit des sondes contenant de la gomme élastique ; et M. Verdier, chirurgien herniaire de la marine française, obtint en 1830, de la société d’encouragement, une mention honorable pour ses taffetas garnis et pour ses instrumens de chirurgie faits en caout-chouc.

Dans la même année, MM. Rattier et Guibal, de Paris, présentèrent à la société d’encouragement des produits de doubles tissus imperméables dont ils avaient recueilli les élémens de fabrication en Angleterre. Ce nouveau genre d’industrie reçut entre leurs mains de grandes améliorations : les tissus présentent une double étoffe au milieu de laquelle se trouvent des couches de gomme élastique tellement aplaties, qu’elles n’offrent, pour ainsi dire, pas d’épaisseur. Ils ont fait depuis des tissus bien supérieurs aux premiers, qui consistent en fils de gomme disposés dans l’intérieur d’un lacet de soie ou de coton, et que l’on lisse ensuite avec une matière quelconque et dans la largeur que l’on désire.

M. Edouard-Daubrée a apporté d’importans perfectionnemens à ce nouveau genre d’industrie par la disposition avec laquelle il a formé de nouveaux tissus. Cet ingénieux industriel ayant élevé près de Clermont une fabrique de fils de Caout-Chouc, au moyen d’un nouveau procédé qui lui permit de filer cette matière à la finesse qu’il désire et avec toute la rapidité imaginable, n’a plus trouvé d obstacles pour arriver à la confection des tissus de tous genres.

 

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