L'Echo de la Fabrique : 18 août 1833 - Numéro 33

Le Peuple.

La Gazette des Tribunaux et tous les journaux1 continuent à amuser à l’envi les loisirs de leurs lecteurs par des scènes de cour d’assises ou de police correctionnelle, dans lesquelles l’ignorance et la dégradation des enfans du peuple font toujours les frais. Les journaux devraient rougir de ne trouver dans ces scènes que du plaisant et du ridicule. Ils devraient en tirer, au contraire, des enseignemens élevés et profitables.

A qui la faute si nos enfans sont ignorans et dérangés ? Qui s’occupe de les moraliser et les instruire ? Dès l’âge le plus tendre, tandis que les enfans du riche sont entourés de soins et de caresses, les nôtres sont abandonnés à eux-mêmes ; car, pour les nourrir, il faut que dès l’aube nous allions au travail. Et quand vient l’âge où vos enfans vont aux écoles ou aux lycées, les nôtres, pour nous aider à vivre, vont travailler aux champs ou à l’atelier.

En échange de ce travail épuisant que nous donnons à la société, ne devrions-nous pas, au lieu de mépris, d’ironie et de châtimens, recevoir dans notre enfance [5.1]instruction, éducation, et dans notre vieillesse retraite honorable.

Les philantropes de toutes les couleurs qui manient la presse et s’occupent si fort de nos droits, devraient bien s’occuper davantage de nos intérêts et de notre dignité d’hommes !

Notes de base de page numériques:

1. On apprend dans le numéro suivant du journal qu’il s’agit d’un article emprunté au Précurseur et signé A. D. (très certainement Arlès-Dufour).

 

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