L'Echo de la Fabrique : 29 septembre 1833 - Numéro 39

DU SYSTÈME
De Colonisation agricole et industrielle,

par m. berbrugger1.

[6.2]C?est lundi, 23 septembre courant, que M. berbrugger a terminé, au milieu des acclamations d?un nombreux et brillant auditoire, la rapide exposition du nouveau mécanisme sociétaire inventé par M. CHARLES FOURRIER.

Cet orateur, doué d?un talent remarquable, riche de simplicité et de modestie, comme l?est toujours l?homme qu?entraîne une profonde conviction, après s?être livré à une critique plus juste encore que sévère, de notre ordre social actuel, s?est hâté de dérouler le plan d?un monde nouveau, tel que tous les hommes, quel que soit du reste leur bannière, ne peuvent que désirer d?abord, puis hâter de tous leurs moyens, l?essai d?une théorie qui seule entre toutes promet de transformer la société sans luttes intestines, et sans lésion d?aucune espèce d?intérêts.

Une réorganisation du travail serait la base de cette société nouvelle. ? Exercices en séances courtes et variées ; classification d?une industrie en subdivisions autant minimes que possible, afin que chacun, homme, femme ou enfant, puisse choisir dans chaque industrie, la parcelle de son choix. ? Emploi des passions et leur équilibre par le développement harmonique de toutes. ? Fusion de toutes les classes par l?intervention de chacun dans l??uvre de tous ; c?est-à-dire participation à une foule de travaux soit agricoles ou industriels, et partant, ralliement des intérêts individuels à l?intérêt collectif ; ? puis, comme conséquence infaillible de ce nouveau mode de travail, une répartition équitable en capital, travail et talent des bénéfices de la production.

Enfin, éducation unitaire à la charge de la phalange, puis développement et emploi de toutes les vocations et facultés industrielles de l?homme dès sa plus tendre enfance. ? Ici nous ne taririons pas si nous voulions parler de tout ce que nous avons trouvé de grand et de beau dans l?éducation selon M. FOURRIER. ? Ainsi que toutes les branches de son immense théorie, elle détruit, renverse toutes les idées reçues ; et de ce gigantesque effort de génie doivent sortir, ce nous semble, d?utiles et heureuses améliorations ; et lors même que dans son oeuvre tout ne serait pas réalisable, elle mérite bien, par le temps qui court, qu?on en favorise l?essai. Il y a tant de misères au sein de notre belle France ! tant de plaies honteuses à fermer ! tant de tiraillemens qui menacent le repos et l?existence de la société tout entière ! que ne pas mettre au plus tôt la main à l??uvre, serait non-seulement une faute, mais un crime de lèse-humanité, qu?un châtiment terrible pourrait bientôt atteindre? Voilà ce que nous avons gardé des intéressantes conférences de M. berbrugger.

Certainement nous pourrions dire encore, mais depuis long-temps les colonnes de notre journal sont une tribune des disciples de l?inventeur du nouveau monde sociétaire, M. CHARLES FOURRIER ; ainsi nous n?avons pas besoin de dire que notre sympathie leur est aussi acquise, et que nous applaudissons à leurs généreux efforts ; car elle nous porte toujours vers les hommes qui travaillent sincèrement au bien-être du peuple.

Notes de base de page numériques:

1. Les interventions de Berbrugger furent publiées peu après à Lyon chez L. Babeuf sous le titre : Conférences sur la théorie sociétaire de Charles Fourier.

 

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