L'Echo de la Fabrique : 20 octobre 1833 - Numéro 42

De la Caisse de Prêts.

Comme nous l’avions espéré, la commission exécutive de la caisse de prêts s’est empressée de nous donner tous les renseignemens les plus minutieux sur son administration, afin de nous éclairer et nous convaincre [2.2]que les rapports qui nous avaient été faits à son égard, et qui furent le sujet d’un article contenu dans notre dernier numéro, étaient inexacts. De même notre devoir nous obligeait à signaler les divers griefs qui pesaient sur son compte et qui ont été méchamment répandus dans le public, notre impartialité nous oblige aussi à rétablir les faits dans toute leur exactitude. Il n’est donc point vrai que la commission exige des renseignemens humilians sur la conduite privée et publique des personnes qui ont recours à la caisse de prêts ; les nombreux rapports qui nous ont été mis sous les yeux ne servent qu’à constater que l’emprunteur est bien chef d’atelier, et que la déclaration qu’il a faite est exacte, selon l’expression de l’art. 12 de l’ordonnance royale ainsi conçue ;

« Tout chef d’atelier qui désirera obtenir des avances de la caisse de prêts, déposera entre les mains de l’agent-comptable, ou tout autre à ce préposé, une demande par écrit, adressée à la commission exécutive, et énonçant ses noms et prénoms, le genre de fabrication qu’il exerce, sa demeure, le nombre de métiers qu’il possède ; s’il est marié ou veuf, ou célibataire ; s’il a des enfans, en quel nombre et de quel âge ; enfin, s’il est totalement ou en partie inoccupé. »

Et de l’art. 13 ;

« La commission exécutive chargera un de ses membres de prendre des informations sur l’exposé du pétitionnaire, et d’après le résultat desdites informations, elle décidera s’il y a lieu à accorder le prêt demandé, et elle en fixera la somme, laquelle ne pourra jamais excéder la valeur des métiers et ustensiles qui seraient alors en la possession de l’emprunteur. »

Ces termes de l’ordonnance n’ont, à notre avis, rien d’humiliant, et ne demandent rien autre que ce que tout prêteur est en droit d’exiger. Nous avons eu lieu de nous convaincre que la commission n’en a jamais exigé davantage ; et nous espérons que les bruits faussement répandus s’éteindront, et que les chefs d’atelier ne répugneront plus à s’adresser à elle dans leurs besoins. Nous saisissons cette occasion pour prévenir les personnes qui voudraient adresser leurs demandes à la commission, de le faire un peu d’avance pour ne pas éprouver un retard qui ne peut, dans tous les cas, excéder huit jours.

B......

La lettre suivante vient à l’appui de nos renseignemens :

Monsieur le rédacteur,

Nous nous empressons de répondre à votre article concernant la caisse de prêts, en annonçant aux chefs d’atelier (nos confrères) ayant leur domicile dans nos sections respectives, qu’ils n’aient rien à craindre à l’égard de toutes informations secrètes sur le compte de ceux qui seraient dans le cas d’avoir recours à cette caisse. Chargés des renseignemens, nous nous bornons à rendre compte de la réalité de leurs déclarations, seulement en ce qui concerne leur demeure, le nombre et le genre de leurs métiers.

Nous croyons ces renseignemens suffisans, attendu que les sommes prêtées sont hypothéquées sur le travail futur par l’inscription sur les livrets de l’emprunteur. Plus, ils peuvent compter sur notre discrétion.

Agréez nos salutations empressées.

Les prud’hommes chefs d’atelier, section de fabrique :

martinon, perret, dumas, charnier, milleron, verat.

 

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