L'Echo de la Fabrique : 8 janvier 1832 - Numéro 11

COUPS DE NAVETTE.

Avis. Un cours d'économie, destiné spécialement à la classe ouvrière, est ouvert depuis le 1er janvier, au café du Commerce. Les professeurs donnent des leçons particulières dans le même café, tous les jours à deux heures après midi, autour d'un bol de punch.

Un ouvrier, rendant une coupe, disait au fabricant : d'après le tarif, cette étoffe n'est pas payée selon sa réduction. — Ne me parlez donc pas des choses passées. — Payez-moi mes passées, et je ne vous en parlerai pas.

En vente, un livre ayant pour titre : Des moyens d'amasser dans les temps meilleurs pour les temps mauvais, par quelques négocians. On trouve cet ouvrage chez tous les restaurateurs à la carte.

Un fabricant disait : Ce n'est pas dix ou vingt coups de plus dans un pouce qui peuvent empêcher à [7.2]l'ouvrier de faire tant d'aunes ou de mouchoirs par jour. Par la même raison, répondit l'ouvrier, ce ne serait pas deux ou trois sous de plus sur les façons, qui vous empêcheraient de faire votre fortune.

La concurrence nous tue, disait un honnête négociant. Un ancien proverbe dit : il vaut mieux tuer le diable que si le diable vous tue… Eh bien ! tuez la concurrence.

Un père disait à son fils : Je veux te sortir de ce magasin de fabrique ; tu n'y fais que des chiffres et tu perds ton écriture. — Rassurez-vous, mon père, je crois qu'il faudra bientôt mettre en toutes lettres ce que nous mettons en chiffres ; j'aurai moins de temps à moi, mais je conserverai mon orthographe et ferai moins de figures.

Quand vous n'aurez pas de pain, lisez le Courrier de Lyon ; vous y verrez que vos chefs naturels vous prêchent l'économie… c'est tout ce que peut faire pour vous leur humanité.

Que vous importe que ma Lais ait de belles robes, des robes de soie ?… cela fait aller le commerce. — Sans doute, mais faites que j'en puisse gagner à ma femme une de drap de pauvre.

 

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