L'Echo de la Fabrique : 9 février 1834 - Numéro 58

 Archives

DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES,

Publiées à la fin de chaque mois, en un cahier de 6 à feuilles in-8°.

[4.1]Au milieu de ces temps d’agitations et de discordes civiles, triste héritage que nous ont légué des hommes ou intéressés à arrêter les peuples dans leur marche instinctive vers un avenir plus conforme aux vœux de l’humanité et aux immuables lois de la nature, ou ignorans et inhabiles à les guider dans la nouvelle voie qui semble se tracer devant eux pour cette régénération sociale, que tous enfin nous commençons à regarder comme urgente, nécessaire et indispensable, pour établir entre tous le lien harmonique que depuis si long-temps le canon des rois et les différentes doctrines des partis nés ou à naître ont en vain cherché ; et alors que dans cette lutte si longue et si pénible, tant de cœurs généreux et ardens se sont brisés ; – que d’autres encore, apportant à l’œuvre même courage et même ardeur, viennent aussi s’épuiser sans qu’il leur soit permis d’entrevoir le but qu’ils veulent atteindre ; – sans qu’ils puissent dire : là s’arrêteront nos pénibles efforts et le succès viendra les couronner, ne devons-nous pas saluer avec joie la venue des publications de M. Jules lechevalier, et les accepter comme un bienfait ?

Pour nous, qui déjà connaissons quelques-uns de ses travaux, qui le suivons modestement et de loin dans l’exploration de cette mine féconde dont Charles Fourier a doté l’humanité, et à travers laquelle M. Jules lechevalier, homme de mérite et de savoir, a déjà commencé une carrière brillante, telle est du moins notre pensée.

Forte de l’appui et du talent de collaborateurs distingués, parmi lesquels nous citerons, comme nous étant plus particulièrement connu, M. Abel transon, cette œuvre, nous n’en saurions douter, sera bien accueillie et surtout bien comprise par les hommes qui s’élancent dans l’avenir pour y chercher le secret des destinées sociales ; car elle jettera sur ce problème, jusqu’ici insoluble, un jour qui ne saurait qu’en hâter la solution ; et nous croyons répondre aux désirs de nos lecteurs en citant ici quelques-uns des passages du prospectus de M. Jules lechevalier : ils feront certainement connaître beaucoup mieux que nous ne le pourrions, l’importance et le grave intérêt de cette publication.

rivière cadet,

Disciple de Charles Fourier.

BUT.

Donner une publicité spéciale aux travaux de la cinquième classe de l’Institut, et soumettre ces travaux au contrôle de la science indépendante. – Créer, ce qui n’existe pas encore en France, un centre de travail intellectuel spécialement consacré au progrès des idées et des institutions sociales, où l’intérêt de la vérité ne sera jamais sacrifié ni à l’esprit de secte, ni au caprice du public, ni à la spéculation commerciale. – Réunir à une même tribune tous les hommes qui travaillent, par la science, à la rénovation de la société européenne. – Eclairer leurs efforts par une critique ferme et compréhensive qui légitimera ses sympathies pour le progrès social, en tenant compte des traditions, des mœurs, des croyances, et des droits acquis.

DIVISION DES MATIERES.

I. connaissance générale, religion, science de l’homme. – [4.2]II. science sociale, économie politique, droit public, législation civile et pénale, éducation, administration, institutions médicales. – III. Les grandes questions de théorie en science, industrie, beaux-arts. – Histoire et Statistique appliquées aux diverses branches des sciences morales et politiques.

LE CAHIER DE JANVIER 1834 CONTIENT :

I. Situation et Avenir social de la France. – II. Preuves de l’existence de Dieu, d’après F. Hegel1. – III. De la propriété, considérée comme garantie de la liberté individuelle, par A. Transon. – IV. Sur la nécessité de créer une faculté des sciences politiques et administratives, par M. L. A. Macarel, conseiller d’état. – V. Travaux philosophiques de M. le comte Destutt de Tracy, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, par M. Jules Lechevalier. – VI. De la Restauration de la Société française (livre publié par la Gazette de France). – VII. langes philosophiques de M. T. Jouffroy2. – VIII. Prix proposés par l’Académie des sciences morales et politiques – IX. Bibliographie.

On voit, de prime abord, que cette nouvelle revue est destinée à compléter le travail de l’Académie des sciences morales et politiques. C’est ce qui lui assure dans la publicité une place légitime et tout-à-fait en dehors des spéculations de la presse mercantile.

Servir d’intermédiaire et de point de contact entre les deux forces de conservation et d’innovation dont l’action réciproque constitue le progrès normal de l’esprit humain ; – telle est, selon nous, la mission vraiment utile de la presse dans toutes les sphères du mouvement social, et particulièrement lorsqu’il s’agit de science.

Il est évident d’abord que la place à laquelle aspirent les nouvelles archives est vacante dans la science, au grand détriment de ceux qui se livrent à la recherche sérieuse du vrai et du bien.

En outre, la partie du corps encyclopédique comprise sous la dénomination de sciences morales et politiques nous semble, plus que toute autre, mériter en ce moment une attention spéciale, soit en raison de l’objet dont ces sciences s’occupent, soit en raison de la crise progressive dans laquelle elles se trouvent engagées.

Nous sommes, en effet, dans le siècle qui paraît destiné à voir l’instauration de la science sociale comme science positive, procédant par voie d’expérience et d’observation, posant les problèmes en tenant compte de tous les faits, les résolvant par le respect des droits de chacun et par la satisfaction des intérêts de tous.

Le domaine des sciences morales et politiques comprend dans toute leur extension la philosophie et la science sociale ; et cette partie du corps encyclopédique est précisément celle dont il est le plus urgent de s’occuper, car le premier besoin de notre situation sociale, c’est, avant tout, une nouvelle éducation politique.

Par malheur, dans le tourbillon de la presse, il n’est pas un seul écrit périodique qui soit consacré à l’accomplissement de cette tâche.

C’est surtout dans ce fait qu’il faut chercher les raisons d’existence de notre journal, ses chances de succès et la direction générale de sa rédaction.

Union de tous les hommes qui croient à la nécessité et à la possibilité de reconstituer les idées, les doctrines et les institutions, et qui cultivent les tiges nouvelles de l’arbre en respectant le tronc antique autour duquel elles se développent.

Voila notre vœu et le but de nos travaux.

La critique que nous ferons des divers systèmes philosophiques, politiques ou religieux, relèvera de ce principe qui nous paraît la véritable expression de la loi du progrès social.

Nous commençons notre entreprise avec l’espoir fondé d’y rattacher tous les noms justement recommandables de la science contemporaine.

Nos premiers pas seront réservés et prudens ; mais nous nous mettons en route avec la volonté énergique qui va au but malgré tous les obstacles, et qui arrive au port malgré tous les orages. C’est aux hommes sincèrement dévoués à la recherche de la vérité de nous appuyer, et d’encourager nos efforts par leur concours.

Les bureaux du Journal sont : RUE DE PROVENCE, N° 8.

conditions d’abonnement :

Un an : 30 fr. – Six mois : 16 fr. – Trois mois : 8 fr. Chaque numéro se vend séparément : 3 fr.

On s’abonne, pour Paris, au bureau du Journal ; à Lyon, chez M. Babeuf, libraire, rue St-Dominique ; et au bureau de notre Journal.

Notes de base de page numériques:

1. Friedrich Hegel (1770-1831), philosophe allemand.
2. Théodore Jouffroy (1796-1842), philosophe français de l’école éclectique.

 

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