L'Echo de la Fabrique : 16 février 1834 - Numéro 59

 

Un journal de cette ville a dit que le mouvement qui s?opérait parmi les travailleurs de la fabrique se liait à un projet d?insurrection en savoie1. ? Il a dit que les bons ouvriers résisteraient aux conseils qui leur étaient donnés par les entrepreneurs d?émeutes, etc? Il a [3.2]impudemment menti dans toutes ses assertions. Ce journal c?est, nous pourrions ne pas le dire, le Courrier de Lyon !

S?il est vrai que l?autorité soit bien informée, elle doit savoir que tous les travailleurs de la fabrique ont pris part à ce mouvement ; et dès-lors il devient, ce nous semble, assez difficile de les diviser en bons ou mauvais ouvriers. ? Au surplus, quels que soient les pièges qui nous seront tendus pour nous forcer à sortir de la voie pacifique dans laquelle nous nous sommes depuis long-temps placés, ils demeureront sans fruit pour ceux qui en auront fait les frais : qu?ils se tiennent donc pour avertis.

Notes de base de page numériques:

1. Votée par l?association des mutuellistes le 12 février, suivie par les ferrandiniers, une suspension générale des métiers avait été décidée par solidarité avec les peluchiers dont les tarifs, sur l?un des rares secteurs de la Fabrique alors en croissance, avaient pourtant été rognés et revus à la baisse par les négociants. Le 14 février, l?ensemble des métiers avaient cessé de battre à Lyon. Il s?agit de l?un des premiers exemples d?une grève générale, et cet événement attestait du degré de cohésion et d?organisation du mouvement mutuelliste lyonnais. Cette grève, à laquelle s?opposera l?inflexibilité tant des négociants que du gouvernement, durera cinq jours et la reprise du travail, votée le 19 février, s?effectuera le 21.

 

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