L'Echo de la Fabrique : 16 février 1834 - Numéro 59

 

Le roi fit secrètement appeler dans son cabinet l’homme auquel on avait donné le surnom de geôlier.

– Baron, lui dit-il, on vante votre adresse. – Sire, c’est me faire trop d’honneur. – Personne, dit on, ne sait mieux que vous frapper son adversaire d’un coup d’épée ou lui envoyer une balle à plein corps à une grande distance. – Sire, ma lame est bonne, ma main sûre, et je suis à votre service. – Eh bien ! mon cher baron, ajouta le roi d’un air caressant, et qu’il savait si bien prendre avec ses courtisans, le moment est venu de me prouver votre bonne volonté. – Parlez, sire… – Ici le roi dit quelques mots à l’oreille du baron, puis il ajouta en lui prenant la main : « Celui que je vous désigne, il faut le provoquer au combat, viser juste et le mettre à mort ; entendez-vous bien ? – Sire, vous serez obéi. »

Le lendemain 24 avril 1617, le baron de Vitry, qui avait été le geôlier du maréchal de Biron, plongea lâchement son épée dans le cœur du maréchal d’Ancre avant que celui-ci eût le temps de tirer la sienne du fourreau… et le soir on dansa à la cour.1

Notes de base de page numériques:

1. Il s’agit ici d’une référence directe à la mort de Dulong mentionnée dans l’article précédent. En 1617, Concino Concini (1575-1617), maréchal d’Ancre, avait été assassiné, sur ordre de Louis XIII, par Nicolas de l’Hospital, duc de Vitry (1581-1644). La notice mentionne aussi ce dernier comme geolier du maréchal Charles de Gontaut-Biron (1561-1602).

 

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