L'Echo de la Fabrique : 2 novembre 1833 - Numéro 1

A tous les Travailleurs.

[1.1]C?est à vous que s?adresse cette feuille, créée pour être votre écho, votre tribune. A vous, hommes de travail qui, vous enorgueillissant du nom de prolétaires, l?avez revendiqué pour vous seuls. Venez y déposer vos justes réclamations, la publicité vous vengera. Venez y consigner dans votre langage simple mais énergique vos pensées d?amélioration, vos v?ux de philantropie ; la publicité leur servira de véhicule.

Défendre vos droits méconnus, vos intérêts froissés, votre dignité outragée, travailler à votre émancipation physique et morale, telle est la mission que quelques-uns d?entre vous nous ont confiée et que nous avons acceptée avec joie. Dès long-temps nous nous étions proposé cette tâche. Arrêtés quelques jours dans notre marche, nous allons la reprendre ; heureux si nous pouvons la parcourir jusqu?au bout.

Venez, citoyens, car un lien commun nous unit. Recevez et donnez-nous l?agape, le baiser fraternel ; nous sommes frères, et nos mains se sont plus d?une fois rapprochées en signe d?amitié. Venez, nous sommes de ceux qui nous asseyons sans rougir à la table sans nape de l?artisan, et qui ne craignons pas de presser sa main noircie par de nobles et durs travaux. Pour nous, depuis long-temps révoltés contre les priviléges et les monopoles de toute espèce qui enserrent l?humanité, notre haine contre l?aristocratie, ce monstre multiforme, n?est pas une haine factice ; elle ne date pas d?hier ; elle est innée en nous, et n?eut pas besoin pour éclore d?être salariée. Notre sympathie pour vous n?est pas un masque revêtu par une ambition quelconque. Si d?obscurs ennemis, qui sont aussi les vôtres, si de vils intrigans vous le disent, ne le croyez pas ; jugez-nous par ce que nous avons fait, jugez-nous par nos ?uvres. Nous serons payés de nos efforts, le jour où l?égalité, cette divinité du nouveau monde social, ne sera plus une chimère ; nous ne voulons pour récompense que le droit de dire : Nous aussi nous avons combattu pour la cause sainte du prolétariat. En vérité ! Arrière toute fausse modestie. Nous avons foi en nous ; il y a en nous quelque chose qui nous dit que nous pouvons vaincre les ennemis du peuple. A nous, citoyens ; à nous, travailleurs ; combattons ensemble, faisons une rude guerre à tous les priviléges, ne ployons pas le genou devant ceux qui voudraient être nos oppresseurs ; c?est le seul moyen qu?ils nous respectent. A nous donc ! vous donnerez à nos paroles l?appui de votre force.

Marius chastaing.

 

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