L'Echo de la Fabrique : 13 novembre 1833 - Numéro 4

sur les prix

fondés par la société maçonnique du parfait-silence,

En faveur de l?instruction élémentairei.

Nous avons annoncé, dans notre dernier numéro, l?action philantropique de la loge du Parfait-Silence. L?année [2.1]dernière cette société a distribué de semblables prix ; nous ne doutons pas qu?elle persiste dans cette généreuse pratique. Après lui avoir payé le tribut d?éloges qu?elle mérite, nous appellerons la reconnaissance et l?attention des citoyens qui sont appelés à jouir de ses bienfaits. L?instruction, on le sent chaque jour davantage, est le pivot de l?émancipation des classes laborieuses. Nul doute que, plus instruits que nous, nos enfans seront aussi plus heureux ; de grands remercîmens sont donc dus aux propagateurs de l?instruction de l?enfance. Toutes les voix sont unanimes. Mais n?y avait-il rien à faire pour la génération existante ? devait-elle être déshéritée des faveurs de l?instruction ? Les Ecoles d?adultes ont résolu la question à son profit. Il fallait pour de grands enfans des écoles séparées ; on ne pouvait réunir sur les mêmes bancs l?enfant de sept ans et le jeune homme de vingt ; ce dernier peut sans honte s?asseoir à côté de l?homme fait de quarante ans, auquel la fortune a dénié jusqu?alors le moyen de s?instruire. caton ne craignit pas à soixante ans d?aller à l?école, comme il le disait en plaisantant, et Rome lui donna le surnom de sage. Qu?une fausse honte n?arrête donc pas les ouvriers sur le seuil des écoles qui leur sont ouvertes. Il n?est jamais trop tard pour apprendre.

Nous devons encore faire ressortir la prévoyance de la Société maçonnique dans le choix des prix qu?elle a fondés. De simples hochets peuvent et doivent convenir à l?enfance ; elle n?apprendra que trop tôt le prix qu?on attache à ce signe matériel, représentatif de la richesse ; que sa jeune ame en soit préservée le plus long-temps possible ! Mais l?adulte connaît, parce qu?il l?a senti, le prix, la nécessité de l?argent. D?un autre côté, et c?est le côté moral, celui que nous devons apprécier, l?adulte a fait le sacrifice d?un temps précieux ; la Société lui tient compte de cette bonne volonté, des privations qui en ont été la suite, et cet argent donné en son nom n?a plus rien qui choque la délicatesse. Un autre avantage résulte de la nature du don : une somme d?argent équivalente aurait pu être dépensée quelquefois sans fruit ; l?inscription de rente pourra la conserver pour un temps plus nécessiteux, et l?idée de l?augmenter viendra à plus d?un élève. Ce sujet nous plaisait ; nous nous sommes peut-être trop étendus. Peu de monde, nous le croyons, nous en fera un reproche.

Notes de fin littérales:

i. La rentrée des classes dans les Ecoles d?enseignement mutuel a eu lieu le 5 novembre05 novembre 1833. Les Ecoles gratuites pour les adultes rue des Tables-Claudiennesrue des Tables-Claudiennes, n. 10 ; rue de l?Enfant-qui-Pisserue de l?Enfant-qui-Pisse (dans l?impasse) ; montée des Capucinsmontée des Capucins, n. 20 ; rue Jarenterue Jarente, n. 4 ; rue Madamerue Madame, n. 10 (aux BrotteauxBrotteaux). ? Le Cours normal primaire, également gratuit, pour les instituteurs et institutrices, est place de la Boucherie-des-Terreauxplace de la Boucherie-des-Terreaux, n. 2. Ceux qui voudraient se faire inscrire pour suivre ce cours, doivent se présenter à M. LaforgueLaforgue, place de la Miséricordeplace de la Miséricorde, n. 4, de huit à neuf heures du matin.

 

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