L'Echo de la Fabrique : 14 décembre 1833 - Numéro 13

Au rédacteur.

Arrivé de Paris depuis peu de jours, et votre journal m’étant tombé sous la main dans un cabinet littéraire, j’ai vu avec surprise, par votre article M. Parquin, que MM. les avocats du barreau lyonnais se promenaient à Lyon en robe et en bonnet carré. Je suis bien aise d’en être averti ; car, auparavant, si j’en avais rencontré quelques-uns, j’aurais cru que c’étaient des moines d’un ordre particulier à votre ville. Je présume cependant [2.2]que c’est une hyperbole de votre part, et que vous avez voulu seulement dire qu’ils se rendaient, dans ce costume officiel, de leur domicile à l’audience. Je n’ai pas le moyen de vérifier le fait, mais je ne doute pas que vous ne l’ayez avancé en connaissance de cause. Vous avez raison de vous élever contre cet usage, et je viens vous déclarer qu’il n’existe, ni à Paris que j’habite, ni à Bordeaux, où je suis né. Dans ces deux villes, les avocats, ainsi que les juges et avoués, revêtent leur costume dans un vestiaire attenant au palais. Du reste, je crois avec vous qu’il est convenable, sous un régime d’égalité, tel que celui où nous vivons, que les avocats renoncent à porter un costume quelconque et se contentent d’une mise décente, l’habit noir, par exemple. Comme leur nombre n’est pas limité, on ne peut dire qu’ils exercent un monopole, mais il est vrai qu’eux seuls ont le privilége de la plaidoirie. Je crois que dans l’intérêt public ce privilége est utile ; mais pour ôter tout l’odieux qui s’attache au mot privilége, et surtout pour être conséquent dans les combats qu’on lui livre de toutes parts, on devrait étendre à tous les tribunaux la faculté que les citoyens ont devant les cours d’assises de se faire défendre par un ami. Alors il n’y aurait de privilége que celui qui naîtrait de la préférence naturelle à donner à ceux qui seraient réputés les plus capables, par suite d’études spéciales et d’un exercice habituel. Quant au conseil de discipline, je suis parfaitement d’accord avec vous de son entière suppression ; on le remplacerait avantageusement par une loi, qui établirait d’une manière claire les droits et les devoirs de la défense, et serait applicable à tous. Les tribunaux jugeraient les délinquans ; bien entendu que préalablement le jugement par jury serait universellement adopté.

gab. DÉPEN....

 

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