L'Echo de la Fabrique : 18 décembre 1833 - Numéro 14

On se souvient sans doute de Eugène Dufaitelle, ce jeune homme qui, traduit devant la cour d’assises du Rhône, au mois de décembre 1832, pour un article remarquable publié dans le Précurseur, parla religion et liberté, fit l’éloge de Jésus-Christ et de Robespierre, fut à peine compris, mais fut acquitté par le jury, et publia sa doctrine et la relation de son procès sous ce titre : Les Doctrines républicaines absoutes par le jury lyonnais. Il avait quitté notre continent, et s’était rendu au Brésil ; il est revenu en Europe. Nous ferons sans doute plaisir à nos lecteurs en leur donnant des nouvelles de ce jeune patriote, et en transcrivant la lettre qu’il a écrite du Hâvre-de-Grace, le 19 novembre dernier, à son ami, le citoyen Haureau, l’un des rédacteurs de la Tribune.

Mon bon Haureau,

J’ai appris dans mon voyage d’Amérique que vous aviez l’honneur de souffrir toujours pour la cause de l’ordre et de l’unité. J’ai pensé en tout temps que la société avait deux mains : la religion et l’industrie. C’est dans ce sens, mon cher ami, et dans une confiance entière dans le Dieu des ames et des corps, que je m’empresse de vous envoyer mon offrande. Daignez croire que je ne suis ici que l’interprète de beaucoup de Français isolés dans le désert social de l’Amérique, et que j’exprime avec une parfaite franchise leurs idées généreuses et solitaires. Ce fut le caractère multiple de notre incomparable Rousseau, d’avoir allié le spiritualisme le plus ardent et l’éducation physique la plus originale au 18e siècle. Insérez, je vous prie, cette lettre dans le plus prochain numéro de votre courageuse Tribune, et recevez mes 100 francs.

J’ai l’honneur d’être, mon ardent et laborieux ami, votre religieux confrère.

Eugène dufaitelle.

 

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