L'Echo de la Fabrique : 21 décembre 1833 - Numéro 15

conseil des prud?hommes.

Séance du jeudi 19 décembre 1833.

Les différens entre Brunet, fabricant, et son apprentie, se représentent de nouveau. M. Perret, nommé arbitre pour connaître des comptes, avait reconnu la fille Muet débitrice de 82 francs 15 centimes envers son maître. Brunet expose en vain au conseil que son élève a resté six ans, dans son atelier, sans avoir jamais témoigné de mécontentement ; qu?elle n?a plus que deux mois pour terminer son apprentissage, que par suite de son refus de travailler, son métier est resté vacant, sans que la pièce soit terminée. Le conseil rejetant la demande d?indemnité du maître, condamne Muet père à payer à Brunet 82 francs 15 centimes, somme due par la fille Muet.

Par condescendance, l?huissier appelle seulement le sieur Martin, et l?on voit M. Brisson quitter sa chaise curule et venir se placer à la barre. Cette affaire a déja paru à l?audience du lundi, elle avait été renvoyée par devant MM. Bender et Labory ; ces messieurs sont absens et n?ont point remis de rapport, et, sur la demande de M. Brisson, l?affaire est renvoyée de nouveau à huitaine.

Nous ne pouvons concevoir tant de complaisance, tant de partialité pour escamoter la publicité, et tout cela en présence d?un nombreux auditoire ; car cette affaire si simple intéresse une trentaine de fabricans chefs d?atelier ; elle devait se décider à la première audience. En effet, de quoi s?agit-il ? Martin réclame un franc l?aune d?une étoffe-armure (aucun prix n?est convenu) : il appuie sa demande en prouvant que les mêmes articles, moins réduits en trame que ceux du prud?homme Brisson, ont été payés par M. Paul Eymard un franc, et prouve ainsi qu?il ne demande rien au-dessus du cours. A des demandes si justes, le conseil, ce nous semble, devait faire droit sans retard.

M. Brisson, comme prud?homme et fabricant, n?ignore pas le cours. Il y aurait eu convenance de sa part à se faire justice, plutôt que d?user de son influence pour en retarder l?exécution. Ce n?est pas du reste que cela soit nouveau de voir un prud?homme négociant à la barre ; ils y ont tous, excepté M. Goujon, (c?est une justice à lui rendre, et qui n?est pas suspecte de notre part) été traduits plus ou moins souvent. (V. la lettre de MM. Martin et Vachez).

Nous avons appris que le conseil s?était assemblé récemment en comité particulier, afin de rédiger quelques articles d?un réglement concernant la loi sur les dépôts d?échantillons.

 

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