L'Echo de la Fabrique : 29 janvier 1832 - Numéro 14

Organe de la classe ouvrière1, l'Echo doit en répéter la joie comme le mécontentement. L'ordonnance sur la réorganisation du conseil des prud'hommes, ainsi que l'arrêté du préfet, est le sujet de vives réclamations de la part des chefs d'ateliers, ne possédant point 4 métiers, et qui pensent, avec juste raison, avoir autant de capacité pour élire un membre du conseil des prud'hommes, que leurs confrères, que l'ordonnance rend électeurs. Un fait qui est certain, c'est que dans plusieurs arrondissemens, et principalement dans celui de St-George, les ateliers d'unis de 4 métiers sont si peu nombreux, que ceux qui les possèdent n'osent pas prendre sur leur responsabilité de nommer leur prud'homme : il y a dans ce quartier des hommes qui professent l'état depuis trente ans, qui n'ont jamais possédé plus de deux métiers, et qui ne désirent pas, par le temps qui court, en posséder davantage. Nos anciens chefs d'ateliers sont dans l'affliction la plus profonde, de se voir exclus de nommer leurs juges conciliateurs, le seul espoir qui leur restât pour soulager leur cœur oppressé des nombreux abus dont ils ont été les victimes depuis nombre d'années ; tout est donc perdu, disent-ils, on veut faire de l'aristocratie parmi nous, afin d'y semer la haine et la division ; que n'en fait-on de même parmi les négocians, que n'exclut-on ces petits fabricans, qui n'occupent pas journellement vingt métiers, et dont quelques-uns ayant des ateliers, auront droit de voter à l'élection des négocians et à celle des ouvriers, en réalisant ainsi un double vote.

Le petit nombre de ceux qui se présentent pour se faire enregistrer sur les listes électorales, prouve combien sont fondées les plaintes que nous venons de rapporter. Nous espérons de la bienveillante sollicitude de M. le préfet, qu'il voudra bien prendre quelque mesure conciliatrice à ce sujet. D'un autre côté, nous invitons nos confrères dont les ateliers sont au-dessous de quatre métiers, à penser qu'une semblable exclusion ne saurait durer, et que l'ordonnance sur le conseil des prud'hommes est un premier pas fait dans la carrière des améliorations.

Notes de base de page numériques:

1 L’auteur de ce texte est Joachim Falconnet d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

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