L'Echo de la Fabrique : 8 janvier 1834 - Numéro 20

Association commerciale d’échanges.

Dans un article inséré samedi dernier, vous vous plaignez, monsieur, du silence que j’ai gardé, après avoir annoncé une série d’attaques contre le système d’échanges proposé par M. Mazel. Cette circonstance vous fait regretter d’avoir accueilli une lettre anonyme, et vous conduit à déclarer qu’à l’avenir vous refuserez l’insertion de toutes celles dont l’auteur ne vous serait pas connu.

Vous voyez que lorsqu’il le faut, mes réponses ne se font pas attendre ; mais permettez-moi d’abord, M. le rédacteur, de m’élever contre votre résolution, dans l’intérêt même de la discussion et de la vérité.

Je comprends très bien que toutes les fois qu’on aborde des questions qui touchent aux personnes, votre devoir soit d’exiger une garantie dans la signature d’un citoyen ; mais lorsqu’il s’agit seulement d’émettre une opinion sur un système quelconque, la connaissance de celui auquel elle appartient est sans intérêt pour le public. Si les raisons sont bonnes, il les adopte ; si elles sont mauvaises, l’autorité d’un nom, même recommandable, ne saurait les faire admettre. Je continuerai donc à m’entourer d’une précaution qui offre plus de liberté à ma plume, en me dégageant de toute convenance, de toute condamnation particulière.

J’arrive à l’échange. Lorsque j’ai dit dans ma première lettre que je suivrais pas à pas les tentatives de cet établissement, vous n’avez pas attendu de moi, sans doute, une série d’articles pour discuter à perte de vue la théorie de l’échange. Je fais un meilleur cas des colonnes de votre journal : je laisse les théories et les prospectus pour me placer vis-à-vis des faits.

J’ai avancé que les engagemens qu’on proposait aux adhésionnaires de l’échange étaient onéreux, et les liaient plus qu’ils ne pensaient. Les directeurs avaient une démonstration à faire : c’était, ce me semble, de livrer à la presse la formule de ces engagemens, et d’expliquer l’étendue des obligations qu’on impose aux adhésionnaires. Ces messieurs ont préféré nous dire : « Qu’ils n’ont d’autre intérêt que celui du triomphe d’une institution que leur conscience et leur patriotisme leur font un devoir de soutenir. » Vous sentez bien que je ne saurais accepter cette déclaration pour une réponse.

J’en avais dit assez pour provoquer des explications un peu plus catégoriques. Quoiqu’il en soit, je me disposais à répliquer, lorsque j’ai lu dans un journal la critique que vous avez reproduite dans votre dernier numéro. Elle contient des objections extrêmement sérieuses, qui méritaient une prompte réfutation ! comme je n’aime pas à compliquer les questions, j’ai voulu attendre que cet autre gant fût ramassé. Il ne l’a pas été.

Jusque-là, vous ne trouverez pas mauvais, M. le rédacteur, de régler ma conduite sur la vôtre, et de persister à ne pas en dire davantage jusqu’à ce qu’on nous ait éclairé tous deux. Alors le public jugera, s’il ne l’a fait déjà.

Agréez, M. le rédacteur, l’expression de mes sentimens distingués.

J.....

 

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