L'Echo de la Fabrique : 15 janvier 1834 - Numéro 22

La lettre suivante a été déposée entre nos mains par M. Lamotte, qui nous dit que c?est un devoir pour lui de donner publicité à deux cures opérées par M. Williams, oculiste honoraire du roi, sur deux aveugles qui ont recouvré la vue en sa présence dans 1?espace d?une demi-heure, sans opération chirurgicale.

Au Rédacteur.

Monsieur,

C?est pour moi une obligation d?informer le public, par la voie de votre excellent journal, de ce qui a été fait en ma présence. Je suis sollicité pour faire connaître deux cures vraiment merveilleuses, par deux personnes qui viennent de recouvrer la vue qu?elles avaient perdue totalement des deux yeux.

La première, nommée Bastienne Guichardière, âgée de 35 ans, demeurant à Vaugneray (Rhône) m?a déclaré qu?elle avait perdu la vue d?un ?il depuis 10 ans, et de l?autre depuis le 1er jour de cette année. La seconde, nommée Marguerite Narbonnet Marguerite, âgée de plus de 40 ans, demeurant à Brignais, m?a déclaré qu?elle avait perdu la vue d?un ?il depuis 13 ans, et de l?autre depuis 6 semaines. La première a été amenée chez M. Williams, oculiste du roi, hôtel des Colonies, rue Neuve de la Préfecture, samedi 4 de ce mois, et la seconde mardi dernier : chose que je n?oublierai jamais, car elle a été faite en ma présence sans aucune opération chirurgicale.

Ces deux personnes ont recouvré la vue dans l?espace d?une demi-heure, assez pour marcher seules, et tous les jours depuis, toutes les deux sont venues sans guide et m?ont assuré que leur vue a augmenté chaque jour. Toutes les deux me prient d?exprimer leur vive et éternelle reconnaissance à M. Williams pour ses bienfaits.

C?est mon devoir d?informer le public qu?un grand nombre d?autres personnes que cet oculiste traite journellement, me déclarent qu?elles trouvent leurs yeux dans un état bien amélioré. Entre autres, un homme qui avait perdu la vue des deux yeux pendant 20 ans ; spécialement une dame qui avait perdu presque entièrement la vue plus de 3 ans, me déclare que, hier au soir, elle commençait à jouer aux cartes avec son mari.

Je saisis cette occasion, monsieur, pour exprimer ma reconnaissance particulière ; et quoique j?aie payé tous les honoraires demandés, je ne suis pas moins reconnaissant ; car je me trouve heureusement dans un meilleur état que j?ai été depuis plus de 6 ans, époque où j?ai perdu la vue des deux yeux, malgré les soins assidus de mon oculiste qui me traita pendant plusieurs années avec les attentions d?un ami, qui ne produisirent d?autres avantages que celui de me faire marcher à peine seul dans la rue, mais seulement en plein jour, car la nuit la clarté des réverbères abîmait mes yeux. Mais aujourd?hui, après quelques jours de traitement de M. Williams, malgré mon âge avancé (59 ans), mon ?il gauche, que tous considéraient comme perdu sans ressource, est éclairé au point que je commence à distinguer la lumière.

Avec mon ?il droit je puis non-seulement marcher sans la moindre difficulté, mais encore je commence à distinguer les grosses lettres et à supporter la lumière, ce que je ne pouvais faire auparavant. Hier, pour la première fois depuis près de 7 ans, mes deux yeux dans le miroir.

Agréez, etc., etc.,

Lyon, le 9 janvier 1834.

Signé : LAMOTTE, Ex-inspecteur des surveillans, domicilié place Louis XVIII, maison Tardieu.

 

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