L'Echo de la Fabrique : 22 mars 1834 - Numéro 35

« Peuple, bénis ton antique esclavage,
« Ne songe plus à reprendre ton rang.
« La république est une anthropophage,
« Ses sectateurs sont avides de sang, (Bis.)
« Ses sectateurs sont des buveurs de sang. »
Gens du juste milieu votre verve m?étonne,
J?ose douter, et ce n?est pas en vain,
Car jusqu?ici je n?ai mangé personne,
Et cependant je suis républicain.

L?entendez-vous, ce jongleur politique
Qui va hurlant à la crédulité :
« Rallions-nous, sans quoi la république
« Va s?acharner sur la propriété. » (Bis.)
Ah! que demain son auréole brille,
Et je ne veux, pour ma part du butin,
Que du travail pour nourrir ma famille ;
Et cependant je suis républicain.

Gardez votre or, impudens sybarites,
Autant que vous je respecte la loi ;
Quoi qu?en aient dit d?ignobles parasites,
Je ne veux pas ce qui n?est point à moi. (Bis.)
Le doux soleil répond à mon attente
Lorsque Cérès jette sur mon chemin
Quelques épis de sa gerbe opulente ;
Et cependant je suis républicain.

Ainsi que vous, j?abhorre l?anarchie,
Je veux la paix et la fraternité :
Des droits pour tous, la licence flétrie :
Voila comment j?entends la liberté. (Bis.)
Je ne veux pas dépouiller la richesse,
Je ne veux pas qu?on connaisse la faim,
Je ne veux pas opprimer la faiblesse,
Et cependant je suis républicain.

De vos Argus pour exciter la rage,
Faire de nous un objet de terreur,
Allez, du bagne, empruntez le langage
Pour nous marquer du sceau réprobateur. (Bis.)
De vos mépris l?humanité nous venge.
Je n?irai pas, pour vous tendre la main,
Prostituer ma muse dans la fange ;
Et cependant je suis républicain.

Toi qui soutiens une cause insensée,
Va contre moi provoquer des rigueurs,
Dans l?avenir qui berce ma pensée
Je ne veux pas imiter tes fureurs. (Bis.)
Quand règnera le vouloir populaire,
Si le malheur vient t?accabler soudain,
Reviens à moi, tu trouveras un frère?
Et cependant je suis républicain.

 

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