L'Echo de la Fabrique : 26 octobre 1834 - Numéro 6

Dans l’affaire de Gally, chef d’atelier, et Reynier et Dégouthière, négocians (Conseil des prud’hommes, séance du 16 octobre 1834), dont Gally réclamait les tirelles sur les articles gaze et marabout, et dont le conseil le débouta de sa demande, attendu que les prud’hommes, dans deux jugemens rendus précédemment par le même conseil, n’avaient pas cru devoir accorder les tirelles. Si le conseil avait fait une injustice deux fois, il ne devait pas en faire une troisième ; c’est pourquoi nous venons faire les observations suivantes.

[4.1]D’abord, on doit considérer que les trames de lancé sont dévidées par le chef d’atelier, comme aux autres articles, dont les négocians accordent les tirelles. On observera que les trames de fond étant presque toujours humides, attendu que les mouliniers sont forcés de les humecter pour leur donner un tour régulier. On observera encore que les ourdisseuses ne peuvent pas bien souvent, pour ne pas dire toujours, ourdir les pièces sans mouiller le marabout ; et on comprendra facilement qu’on ne les fait pas sécher avant de les donner aux chefs d’atelier. Il est à remarquer que l’on rend deux fois par semaine, et chaque fois, c’est vingt grammes de perdu pour la tombée des balances.

Autrefois les chefs d’atelier faisaient des tirelles à chaque pièce : aucun jugement n’a été rendu pour abolir cet usage. Plus tard, on fixa 15 grammes d’indemnité à celui qui ne ferait pas de tirelle. Aujourd’hui, pourquoi veut-on détruire ce principe ? Cependant les négocians savent bien que les ouvriers en marabout sont forcés de temps en temps de payer de la soie : nous avons des livres sous les yeux qui nous indiquent assez qu’il est impossible de rendre ses comptes sans l’indemnité accordée pour les tirelles. Nous avons plusieurs maisons qui donnent les 15 grammes ; des maisons respectables, il est vrai ; comme par exemple la maison Dervieux. Nous ne voyons pas pourquoi d’autres maisons ne voudraient pas être aussi justes, sans que les chefs d’atelier soient forcés de recourir au conseil.

Nous espérons que MM. les Prud’hommes prendront en considération les observations ci-dessus, qu’ils ignoraient sans doute, pour que plus tard, si un négociant refusait d’accorder les tirelles aux chefs d’atelier, ceux-ci obtiennent justice.

 

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