L'Echo de la Fabrique : 2 novembre 1834 - Numéro 7

On lit dans le Réformateur :

La maison centrale du Mont St-Michel n’existe plus !!! Un incendie vient de la détruire de fond en comble. Le feu a commencé par la fabrique de chapeaux de paille, hier, 22 octobre, à 9 ou 10 heures du soir ; poussé par un vent furieux, en vingt-quatre heures il a tout dévoré ; encore à présent, quoique paraissant éteint à l’extérieur, il n’en mine pas moins sourdement ; à chaque instant s’écroulent des pans de murailles et de voûtes. On n’en connait point précisément la cause. Tout porte à croire jusqu’ici que la malveillance n’y est pour rien. On présume que le tuyau du cornet de poêle du corps-de-garde de la troupe, peut avoir fourni quelques étincelles que le vent aura porté sur [4.1]la chapellerie, qui est de ce côté. Les détenus politiques, rendus forcément à une entière liberté, n’en ont fait usage que pour rivaliser de dévouement et d’intrépidité. Quelle belle abnégation de soi-même ! A eux seuls est dû le peu d’appartemens qui reste. Les détenus pour crimes eux-mêmes, entraînés et maîtrisés par un tel exemple, n’ont fait aucune tentative de vengeance ou d’évasion, le gouvernement a été de suite informé par qui de droit, qu’il eût à prendre des mesures pour faire transférer le plus tôt possible tous les détenus, sans exception aucune. Les détenus sont casés sous la garde d’une centaine de gardes nationaux des environs. On a demandé toute la garnison de Granville.

A Avranches, le 23 Octobre 1834,

H. M. Ozenne.

Il n’a péri qu’un seul homme, c’est un gardien. Après tout danger passé, il est tombé de 3 à 4 pieds de haut, et s’est fendu la tête sur un sceau qui s’est rencontré-là ; il ne s’est pas relevé.

Tous les témoins de l’intrépidité qu’ont montré les détenus, sont surpris qu’il n’en ait pas péri au moins une cinquantaine. Je me sers de l’expression d’un témoin oculaire.

 

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