L'Echo de la Fabrique : 14 décembre 1834 - Numéro 13

ECHO DE FABRIQUE.

[2.1]Un mécanicien-tourneur, habitant du Clos-Casati, reçut, il y a quelque temps, une commande de rouleaux en noyer, pour les ouvriers d’un fabricant qui fait confectionner son étoffe à la campagne.

Aujourd’hui, ce même fabricant vient de faire une nouvelle commande de 50 rouleaux, mais en sapin, parce que, dit-il, le noyer est trop pesant pour un canut qui fait trois ou quatre lieues, un rouleau sur l’épaule, attendu que les ouvriers de ce pays-là sont forcés de faire plier à Lyon.

Nos vieux chefs d’ateliers ne se rappellent pas d’avoir vu le commerce si abattu, si ce n’est en 1834. D’où vient cette plaie, disent les ouvriers aux négocians ? les uns disent nous n’en savons rien, les autres ce sont les soies qui baissent ; ceux-ci, nous le savons bien ; mais nous ne pouvons pas le dire. Ceux-là, on nous retire nos fonds, on n’a plus de confiance, nous ne pouvons plus faire travailler pour le magasin ; mais espérons quand même : on est parti pour Paris, peut-être nos échantillons seront goûtés, et nous aurons des commissions.

Voilà des espérances ; mais les ouvriers qui n’ont point de pain, grand Dieu ! qui les soulagera ? disent les braves gens ; car nous avons les 3/4 des métiers à bas, et 1/4 des pères de famille qui ont faim.

Les ouvriers fabricans d’étoffes de soie de la campagne commencent à se plaindre. On nous paie moins, disent-ils, les comestibles sont plus chers, et nous n’avons point de caisse d’épargne, divisés comme nous sommes à la campagne ; Dieu sait ce qui nous attend !…i

Notes de fin littérales:

i. L’expérience fait voir les choses claires : il paraît que les bénéfices des chefs d’atelier de la campagne sont bien mesquins, puisqu’ils parlent déjà d’une caisse d’épargne.

 

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