L'Echo de la Fabrique : 1 février 1835 - Numéro 5

AU RÉDACTEUR.

Lyon le 28 janvier 1835.

Monsieur, l?indicateur contient dans son dernier numéro, à l?article Conseil des Prud?hommes, la questioni suivante.

« Lorsqu?un maître se permet de négliger son élève, à un tel point, qu?au bout de quinze mois, elle n?a pas encore son métier, l?atelier est-il mis sous surveillance ? ? Oui ; vu que le maître était dans ses torts, n?ayant pas de raisons valables pour justifier sa négligence, et devra donner de suite un métier à son élève.

« Ainsi jugé entre Rivat, chef d?atelier, et Rozier, apprentie. »

Cette rédaction est on ne peut plus fautive. Il en résulterait que la mise en surveillance de mon atelier serait une peine prononcée contre moi ; tandis qu?elle n?a été, de la part du conseil, qu?une simple mesure préparatoire, une espèce d?avant faire droit. Le conseil n?a pas entendu prononcer contre moi un blâme quelconque ; il a voulu s?enquérir et surveiller l?apprentie. C?est dans son imagination que le rédacteur de l?Indicateur a trouvé tout ce qu?il ajoute, et il ne donne pas là une bien grande preuve de son zèle pour la défense des ouvriers ; il me semble qu?avant de censurer ainsi la conduite d?un chef d?atelier le rédacteur aurait dû chercher à connaître la vérité, puisqu?il ne voulait pas se contenter de faire comme faisait l?Echo de la fabrique et comme vous faites, c?est-à-dire annoncer purement et simplement la mise en surveillance d?un atelier sans faire peser la responsabilité sur le maître, et ne pas transformer en question de droit un point de fait. Si le rédacteur de l?Indicateur eût voulu savoir, je lui aurais dit ce que j?ai dit au conseil. La demoiselle Rosier est venue chez moi en janvier 1834, mais ce n?est qu?au mois d?août suivant et après de nombreuses sollicitations qu?elle a consenti à passer des engagemens, et par contre, je n?ai pu la considérer comme apprentie que depuis cette dernière époque. Il y a donc aujourd?hui environ cinq mois qu?elle est mon apprentie, et non pas quinze mois comme l?a dit faussement l?Indicateur ; et dans cet espace de temps je lui ai appris tout ce qu?elle était susceptible d?apprendre. M. Labory, prud?homne, chargé de la surveillance, m?a rendu justice à cet égard.

J?ai cru devoir dans mon intérêt relever les inexactitudes de votre confrère et je vous prie d?insérer la présente ; etc.

RIVAT.

Notes de fin littérales:

ind. r. L?IndicateurL?Indicateur a trouvé convenable de nous imiter en enrichissant son compte rendu des séances du conseil des prud?hommes de prétendues questions de droit qu?il arrange très plaisamment sans nul souci des règles les plus simples de la grammaire et de la logique. Par exemple: dans son numéro 17 il soumet naïvement cette question à ses lecteurs: « La maîtresse a-t-elle le droit de refuser sa nourriture et même de la frapper lorsque l?apprentie se refuse à faire autre chose que sa profession ? » Il se prononce pour la négative. C?est fort heureux mais jamais pareille question n?a été mise en délibéré devant aucun tribunal. Il ne suffit pas de copier, il faut comprendre.

 

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