L'Echo de la Fabrique : 3 mai 1835 - Numéro 18

FABLE.

 i 1 Aide-toi, le ciel t’aidera.

César, chien d’arrêt renommé,
Mais trop enflé de son mérite,
Tenait arrêté dans son gîte
Un malheureux lapin de peur inanimé.
Rends-toi, lui cria-t-il d’une voix de tonnerre,
Qui fit au loin trembler les habitans des bois ;
Je suis César, connu par ses exploits,
Et dont le nom remplit toute la terre,
A ce grand nom, Jeannot lapin,
Recommandant à Dieu son âme pénitente,
Demande d’une voix tremblante :
Très sérénissime mâtin,
Si je me rends, quel sera mon destin ?
– Tu mourras. – Je mourrai! dit la bête innocente,
Et si je fuis ? – Ton trépas est certain.
– Quoi! reprit l’animal qui se nourrit de thym,
Des deux côtés je dois perdre la vie!
Que votre illustre seigneurie
Veuille me pardonner, puisqu’il me faut mourir,
Si j’ose tenter de m’enfuir.
Il dit et finit en héros de garenne.
Caton l’aurait blâmé : je dis qu’il n’eût pas tort,
Car le chasseur le voit à peine

Qu’il l’ajuste, le tire… et le chien tombe mort!
Que dirait de ceci notre bon Lafontaine ?
Aide-toi, le ciel t’aidera
J’approuve fort cette morale-là.

Notes de base de page numériques:

1 Le Musée des familles, lecture du soir, revue fondée en 1833 par Emile de Girardin.

Notes de fin littérales:

i. Cette fable a été composée à l’école de BrienneBrienne, en 1762, par Napoléon bonaparteBonaparte Napoléon, âgé de quinze ans. Elle est inédite et a été communiquée au Musée des Familles (n. 25) par le comte de WeimarsWeimars comte de, dépositaire du manuscrit autographe. – Nous croyons faire plaisir aux lecteurs en leur faisant connaître cette fable. Tout ce qui sort de la plume d’un grand homme mérite d’être conservé. – C’est après-demain le 5 mai…

 

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