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FABRIQUE DE LYON. [1.1]La crainte de compromettre, sans aucun avantage pour les ouvriers, le sort de cette feuille en soulevant des questions que l’on nomme irritantes, ce qui fait que ceux qui auraient le pouvoir de les résoudre se dispensent de les examiner, nous a engagé à cesser pendant quelque temps d’appeler l’attention publique sur l’état de la fabrique lyonnaise. Il nous semble que nos adversaires auraient dû avoir la pudeur d’imiter notre réserve, et puisque nous consentions à ne pas parler de la misère de la classe ouvrière, ne pas s’autoriser de notre silence pour la proclamer riche et heureuse. C’est cependant ce qui a lieu en ce moment, hâtons-nous de le dire, ce n’est pas dans Lyon qu’on a osé le publier. Là, trop des témoins existent, trop de voix auraient pu s’élever pour démentir l’impudent écrivain. C’est dans un département voisin, à quelques lieues seulement de Lyon, que la faconde anti-prolétaire s’est donné carrière, espérant peut-être que personne ne se lèverait au nom des ouvriers pour rétablir la vérité des faits. Nous allons citer textuellement : Le Courrier de l’Isère1, du 23 mai, contient l’extrait suivant d’une lettre de Lyon : « Notre fabrique a des commissions à ne savoir où donner de la tête ; les affaires sont très actives depuis 15 jours ; aussi les ouvriers ont-ils obtenu, de la force des affaires, ce que jamais ils n’avaient même osé demander en novembre et en avril ; une forte augmentation de salaire ; ils sont tellement recherchés, que si un fabricant en recevant une pièce d’étoffe des mains de l’ouvrier, ne lui confie pas à l’instant un nouveau travail et parle d’un retard de demi-heure, l’ouvrier n’est plus à lui. Tous les métiers sont couverts et l’Amérique commet encore, tous les jours, sans pouvoir obtenir la moitié de ses demandes. La supériorité incontestable de la fabrication lyonnaise, leur fait regretter de n’avoir pas donné à Lyon, les commissions que la crainte de la guerre a fait donner en Allemagne ; mais ils s’en consolent en pensant que la production n’aurait pu être assez forte pour la consommation. » – Le journal de Paris , du 28 mai, reproduit cet article. De là, il passera inaperçu dans les autres feuilles, et c’est ainsi qu’une opinion publique mensongère se forme et vient accabler plus tard, ne serait-ce que par son indifférence, les défenseurs du peuple. On voit évidemment que la lettre du correspondant lyonnais n’émane pas d’un marchand-fabricant. En parlant des métiers, il dit couverts au lieu d’occupés. Cette expression prouve suffisamment que ce n’est pas un homme de la fabrique qui a écrit cette lettre. On s’en douterait d’ailleurs, à l’exagération, qui y règne, et qui serait par trop scandaleuse à Lyon, aussi nous devons dire pour être vrais, que le Courrier de Lyon n’a pas osé reproduire cet article de son confrère. Maintenant disons ce qu’il y a de réel et racontons en peu de mots l’état de la fabrique lyonnaise : La fabrique de Lyon sans être surchargée de commissions a plus d’activité dans ce moment qu’elle n’en avait [1.2]depuis environ un an. Il y a donc travail, mais voilà tout. C’est beaucoup, diront quelques-uns, ce n’est pas assez, selon nous. Les façons n’ont pas augmenté à proportion du travail, ainsi que nous allons en donner la preuve. Or, ce n’est que la suffisance du salaire qui peut rendre les ouvriers heureux. Qu’on nous permette une comparaison bien triviale, mais qui par cela même rendra plus sensible notre pensée. De deux chevaux dont l’un, en échange d’un travail modéré sera bien nourri, et dont l’autre n’aura une chétive nourriture, qu’à condition d’un travail excessif lequel est le plus heureux ? La réponse n’est pas douteuse. Pourquoi ferait-on une différence dans la question qui nous occupe ? Nous disons que les façons n’ont pas augmenté. En effet, les châles au ¼ ne sont en ce moment qu’à 55 c. le mille. Ils ont donc augmenté de 10 c. ; mais il ne faut pas oublier qu’ils étaient à 90 c. et qu’ils sont descendus à 45 c. ; il y a loin de 55 c. à 90 c. et encore ce dernier prix n’était-il pas le plus haut de cet article. Les courans pour robes n’ont obtenu qu’une augmentation de 15 c. par aune ; ils sont encore de 15 c ; au-dessous de ce qu’ils étaient en février 1834. L’Amérique a demandé des mouchoirs ; mais la durée des commissions est courte, et le bien-être des ouvriers en ce genre n’en sera guère amélioré. Les gilets de divers genres, les robes satin et gaze se montent en ce moment. Qu’en résultera-t-il ? Nous avons des données certaines à cet égard ; le prix qui avait baissé de 10 pour 0/0 remontera tel qu’il était et rien autre. Ainsi comme on le voit, l’amélioration de la fabrique n’existe que dans l’imagination du rédacteur du Courrier de l’Isère. Il a été bien mal informé, si toutefois il n’a voulu sciemment tromper ses lecteurs. En définitive et pour ne nous occuper que d’un seul article qui peut servir de base pour l’évaluation des autres, l’ouvrier de l’article châle ne gagne que 2 f. 45 c. par jour (la journée moyenne étant de 9 000), sur laquelle somme il est obligé de payer 40 c. au lanceur, il ne lui reste que 2 f. 05 c. ; aussi beaucoup de métiers sont-ils couverts non pas de matières pour travailler comme le pense le Courrier de l’Isère, mais de ce morceau de cuir qui indique l’absence totale d’ouvrage. Oui, beaucoup de métiers sont couverts, parce que à moins de trois francs par jour, un ouvrier ne peut pas vivre honorablement à Lyon, même lorsqu’il n’a point d’autres charges. Il ne reste plus qu’à réfuter une allégation qui doit faire pitié aux personnes instruites de ce qui se passe en fabrique. Aussi un mot va suffire. Nous pouvons assurer le rédacteur du journal ministériel de l’Isère, que les ouvriers lyonnais sont trop honnêtes et trop bien élevés, pour ne pas accorder demi-heure aux négocians qui les emploient, lorsque ceux ci n’ont pas immédiatement de l’ouvrage à leur donner pour remplacer l’ouvrage fait. Ils les attendent non pas demi-heure, mais bien deux ou trois jours et même davantage, c’est ce qu’ils appellent le chômage, l’une des plaies de la fabrique.
Du moulin-compteur et flotteur à régulateur transposant, par M. Guilliny (de Nyons). (Voyez Tribune Prolétaire 1834, n° 14 et 1835, n° 23). [2.1]Nous croyons utile de faire connaître à nos lecteurs le rapport fait par M. Dugas à la chambre de commerce de Lyon, le 21 mai dernier, sur cette nouvelle machine qui fera époque dans les annales de l’industrie et qui est appelée à opérer une reforme générale dans l’art de préparer et flotter les soies. A cette séance étaient présens MM. Rivet, préfet, Laurent Dugas, président, Brosset, Riboud, Berne, Gaillard, Camel, Beaup, Chaurand, membres et Vachon-Imbert, secrétaire. M. Dugas s’est exprimé dans les termes suivants : « Messieurs, la commission à laquelle vous avez confié le soin d’examiner la mécanique dite régulateur transposant, qui vous a été présentée par le sieur Guilliny de Nyons (Drôme), comme servant à obtenir à l’ouvraison des soies des écheveaux ou flottes de la même longueur déterminée, s’est réunie plusieurs fois afin de procéder à cette vérification. « Dans le but de s’éclairer le plus complètement possible, votre commission a prié le sieur Guilliny de l’assister dans cet examen ; elle vient aujourd’hui, par mon organe, vous rendre compte du résultat de ses observations. Votre commission a reconnu : « 1° Qu’au moyen du mécanisme dont il est question on obtient en effet des flottes ou écheveaux de soie dont le nombre de tours est absolument le même pour chacune d’elles ; « 2° Qu’une flotte terminée, la transposition du fil de soie s’effectue immédiatement par un mouvement exact et spontané sur la partie du guindre à nu et va commencer une autre flotte ; « 3° Que lorsque l’un des fils casse, le guindre destiné à le recevoir s’arrête à l’instant même. « Elle ne peut donc qu’applaudir aux efforts faits par le sieur Guilliny pour obtenir ces trois conditions qui lui paraissent indispensables pour atteindre le but proposé. « Mais, tout en rendant justice à l’auteur de cet ingénieux mécanisme, elle regrette de ne pouvoir se prononcer d’une manière définitive sur le mérite de sa découverte. « Dans les divers essais qui ont été faits sous ses yeux, elle a vu que le travail était très souvent interrompu par la rupture des fils, et elle n’a pu s’assurer si cet inconvénient résultait de la nature de la soie, mise en dévidage, ou s’il fallait l’attribuer à l’imperfection de la machine, qui, composée d’un assez grand nombre de pièces, en offre quelques-unes dont la confection semble laisser encore à désirer. « Dans cet état, votre commission craignant que le régulateur transposant du sieur Guilliny ne puisse s’appliquer que difficilement à un travail manufacturier, se borne à proposer à la chambre, en proclamant de nouveau les avantages que le commerce et l’industrie des soies doivent retirer de l’ouvraison de cette matière en flottes à tours comptés, d’engager Messieurs les moulinier à se rendre dans les ateliers de M. Guilliny pour y voir fonctionner en grand son régulateur transposant ; ils seront, sans contredit, les meilleurs juges d’un procédé, dont les résultats actuels suffisent déjà pour attester des recherches, des études et des essais qui rendent son auteur digne de la bienveillance du gouvernement. » La chambre ayant délibéré a donné son approbation à ce rapport. Elle a arrêté, en outre, qu’une expédition dudit rapport serait adressée au sieur Guilliny comme un témoignage de la satisfaction avec laquelle elle a vu les résultats qu’il a déjà obtenu et comme un encouragement à tenter de nouveaux efforts pour porter le régulateur transposant à un degré de perfectionnement et d’utilité pratique qui réponde complètement au but dans lequel il a été conçu. » M. Z. (Arles-Dufour) en communiquant au Courrier de Lyon le rapport ci-dessus, l’a fait suivre des réflexions suivantes que nous croyons devoir transcrire parce qu’elles nous semblent justes et concluantes. [2.2]« Il résulte, comme on le voit, de l’examen fait par la chambre de commerce, que le moulin-compteur exécute parfaitement les divers effets que réclame le flottage à tours comptés fixes. Ainsi elle a reconnu : 1° que cette machine fait des écheveaux dont le nombre de tours est absolument le même pour chacun d’eux ; 2° qu’une fois la flotte terminée la transposition s’effectue immédiatement ; 3° enfin, que lorsqu’un bout casse, le guindre s’arrête aussitôt ; c’est-à-dire qu’elle a reconnu explicitement qu’elle agissait bien dans les conditions nécessaires pour exécuter le flottage à tours comptés fixes. Elle donne donc son approbation pleine et entière à ce résultat déjà obtenu. « Cependant par une restriction assez singulière et en apparence contradictoire avec les effets opérés par le mécanisme et constatés par la commission, la chambre craignant que le régulateur transposant ne puisse s’appliquer que difficilement à un travail manufacturier, se borne à proposer d’engager messieurs les mouliniers à se rendre dans les ateliers de M. Guilliny, à Nyons, département de la Drôme, pour y voir fonctionner un grand sous-régulateur transposant. » Ici nous nous permettrons une seule observation. S’il est bien avéré que le moulin à régulateur transposant doive, ainsi que se plaît à le proclamer la chambre, procurer d’immenses avantages au commerce et à l’industrie des soies, s’il doit faire disparaître une industrie parasite qui grève ce commerce et ce trafic honteux qu’on désigne sous le nom de piquage d’once, il nous semble que la chambre de commerce ne devait pas laisser subsister des doutes sur les causes de la rupture des fils, durant les expériences : si cette soie était trop sèche, éraillée ou avariée, il suffisait de la faire changer et d’en substituer une autre : la rupture des fils pouvait être aussi causée par une trop grande vitesse dans la manœuvre, ou par un tournage saccadé, ou enfin pouvait résulter de toute autre cause que du vice de construction, il fallait donc qu’elle éclaircit ce doute. Toutefois la commission a reconnu et déclaré que le mécanisme agit exactement et rend tous ses effets. Cela, ce nous semble, devait suffire à son édification ? « Quant à l’invitation faite aux mouliniers d’aller voir les moulins-compteurs en grand fonctionnant à Nyons à 40 lieues de Lyon, comme juges plus compétens, il nous paraît que la commission de la chambre eût agi avec plus de discernement et plus de raison, si elle se fût entourée des lumières et de l’avis de ces hommes compétens, de ces mêmes mouliniers qui sont nombreux à Lyon et dans les environs, pour fixer son opinion sur l’utilité pratique du moulin-compteur ; elle eût par ce moyen fait disparaître les doutes qui subsistent dans la délibération que l’on vient de lire, et qui, en définitif, laissent la question principale sans solution réelle. « Le commerce des soies et la fabrique de Lyon ont dans ce moment les yeux ouverts sur cette importante affaire, il appartient à la chambre de commerce, son organe naturel, de fixer l’opinion publique sur l’utilité du moulin-compteur à régulateur transposant, et elle doit la faire sans ambiguïté ni équivoque.
CONSEIL DES PRUD’HOMMES.
Séance du 4 juin 1835. Président : M. Riboud. Membres : MM. Berthaud, Bret, Chantre, Chasselet, Dufour, Perret, Putinier, Rodet, Teissier, Ville, Wuarin. 17 causes sont appelées dont 6 sur citation. 5 causes sont arrachées, 4 jugées par défaut, 3 renvoyées à huitaine (de ce nombre Carquillat c. Cotteret), les autres jugées contradictoirement ou renvoyées devant des prud’hommes rapporteurs. La seule cause qui ait présenté de l’intérêt est la suivante : olivier c. dubois. Question à juger. Le marchand de métiers qui vend une garniture de maillons qui ne [3.1]peut être employée, doit-il être condamné à la reprendre et à payer une indemnité ? – Oui. Dubois a été condamné à reprendre la garniture qu’il avait vendue à Olivier et à lui payer 25 fr. à titre d’indemnité.
M. Riboud, président du conseil des prud’hommes, a reçu la croix de la Légion-d’honneur.
Mardi dernier, les souscripteurs du monument Jacquard, ont nommé une commission définitive. Elle se compose de MM. Laurent Dugas, président de la chambre de commerce ; Riboud, président du conseil des prud’hommes ; Boullée, id. de l’académie des sciences ; Janson, idem de la société d’agriculture ; Clément Reyre, membre, du conseil municipal ; Ollat, marchand-fabricant ; Arles-Dufour, commissionnaire ; Chenavard, professeur d’architecture à l’école des beaux-arts ; Pichard, bibliothécaire du conservatoire des arts ; Perret , prud’homme fabricant et Labory, chef d’atelier ex-prud’homme.
Les assises du second trimestre de la cour de Lyon s’ouvriront demain à huit heures du matin, sous la présidence de M. Jurie assisté de MM. Durand et Ferrand.
Par ordonnance du 23 avril dernier insérée dans le Bulletin des Lois (n° 360, 2e partie, lre section), les brevets suivans ont été accordés, savoir : A MM. Charles guigo, mécanicien et Antoine-Marie maniquet, négociant, pour le remplacement du lisage en carton par un lisage en papier continu. Le brevet est de 15 ans à partir du 31 janvier dernier. A MM. charpy et pommier, teinturiers, rue de Condé, aux Brotteaux, pour une rame sans fin propre à l’étirage et apprêt des étoffes. Brevet de 10 ans. A M. Joseph eboli, professeur de chimie à la Guillotière, pour fabrication de bougies-chandelles. – Brevet de 5 ans. A MM. grangier frères, négociants à St-Chamond, pour un procédé pour brocher les rubans en une ou plusieurs couleurs avec une seule navette. – Brevet de 5 ans.
NOTICE SUR LES IMPOTS INDIRECTS. Les Romains avaient soumis la Gaule à des tributs. Les Francs y levèrent ceux qu’ils trouvèrent établis ; puis leurs institutions présentèrent deux espèces de dîmes : l’une pour l’état, l’autre pour l’église. Chilpéric fut le premier qui imposa en même temps le sol et ses produits en levant un huitième sur le vin récolté et un huitième de muid pour chaque arpent de vigne ; sous ses successeurs des droits furent attachés à titre de salaire à différens offices de police, tels étaient ceux des jaugeurs dont il est fait mention dans une ordonnance du prévôt de Paris de 1303 ; ceux des quatre-vingts courtiers de vins que l’on voit en fonctions dans une ordonnance de Charles le Bel, du 12 mars 1312 et celle des jurés-vendeurs, des jurés courtiers et des jurés-déchargeurs de vin créés par une ordonnance du roi Jean, du 30 janvier 1350. Les premiers impôts perçus en France portèrent ainsi sur le vin et l’industrie. Charlemagne maître des richesses des Lombards et des trésors des Huns, n’eut pas besoin de subsides ; mais après lui la féodalité s’empara de l’état, les grands fiefs furent établis, le roi réduit à son domaine et à quelques redevances payées par les seigneurs. Les personnes et les biens furent asservis ; la féodalité multiplia les impôts indirects de toute manière et ils furent exigés sous le nom d’aides. Le 17 octobre 1356, les trois classes qui représentaient la nation s’assemblèrent à Paris. Le Dauphin régent leur demanda aide pour délivrer le roi Jean son père fait prisonnier à Poitiers et continuer la guerre. Les états consentirent à l’accorder. La levée des aides eut lieu dès lors au profit du roi et une ordonnance du 5 décembre 1360, nomma des députés généraux pour asseoir l’impôt ; elle les investit du recouvrement et de la juridiction des aides. Un droit sur le sel venait d’être créé sous le nom de gabelle ; des lettres-patentes l’avaient introduit le 20 mars 1342, sa perception en fut organisée. [3.2]Les villes appelées à donner des secours y pourvoyaient en établissant les droits que comportaient les localités ; une partie du produit fut affectée à leurs besoins et là commencèrent les octrois concédés aux communautés. Le mot d’aides comprit dans son origine toute espèce de subsides ; Charles VI les supprima en 1380, mais il les rétablit après la bataille de Rosebeck ; le mot gabelle employé d’abord dans le même sens, ne s’appliqua ensuite qu’à l’impôt sur le sel. Les aides ne furent point établis partout en même temps. Les provinces furent séparément appelées à consentir les droits qui étaient les plus applicables à leur position et à leurs ressources. Dans ce cas, des assemblées, où le peuple était représenté, délibéraient avant d’admettre l’impôt ; la répartition en était faite par des notables nommés par les paroisses qui prenaient le nom d’élus. Ainsi, ce fut à l’occasion de l’établissement des contributions, qu’en France le peuple commença à avoir séance dans les assemblées délibérantes et à former le corps du tiers état (voyez Pasquier1, liv. 7, ch. 7). – Les élus et les généraux des aides créés en 1356, connaissaient des contestations sur cette matière ; leurs devoirs sont tracés dans un édit de 1372. Alors l’aide consistait en un treizième du vin qui, introduit dans les villes, y était vendu en gros ou en détail ; de là le droit à la vente au gros, et le droit à la vente au détail. Les mêmes droits pesaient sur les marchandises et les denrées et celui qui était perçu en détail sur le vin, s’élevait au quart de sa valeur, quand Louis XI le réduisit en 1465, à un huitième. Là ne fut pas borné cet impôt : le commerce du détaillant subordonné à une permission du roi fut frappé d’un droit particulier qui forma la taxe appelée l’annuel, un siècle après le même impôt grandit encore : le vin fut imposé dans les caves du propriétaire ; une ordonnance de 1554 soumit ses récoltes à un inventaire, régla sa consommation et taxa l’excédent non représenté d’un droit qui fut désigné sous le nom de gros manquant. Une nouvelle taxe de cinq sols par muid fut établie en 1561, à l’entrée du vin dans les villes et bourgs ; elle subit ensuite une augmentation qui fut encore de Cinq sols et cette perception continua sous le nom des anciens et nouveaux cinq sols. D’autres taxes remontent au même temps : en 1565 un droit fut assis sur le papier et les parchemins ; les cartes, tarots et balles de dés, furent imposés en 1583 et c’est vers l’année 1596, que fut introduit le privilège qui donna lieu à la ferme des messageries et voitures publiques. Dans ce siècle, l’administration des aides n’avait pas fait autant de progrès que l’impôt ; l’insuffisance de la législation laissait, dans un grand nombre de cas, la perception abandonnée à l’arbitraire ; cependant la compétence de la cour des généraux des aides avait été réglée par ordonnance du 24 juin 1500. Cette cour augmentée sous Henri II, par un édit du mois de mars 1558, avait reçu le titre de cour des aides, et les élus placés au premier degré de prédiction, composaient les sièges de justice nommés élections. Avec le 17e siècle commencèrent les fermes générales ; établies en 1604 et chargées de la levée des aides, elles donnèrent un mouvement rapide à la perception des droits et leur assiette en fut bientôt accrue. C’est de 1625 que date le contrôle établi sur la bière, qui fut suivi d’un droit de fabrication. C’est en 1626 qu’un impôt fut levé sur le fer ; il eut pour motif apparent l’importance d’en surveiller la qualité ; mais la véritable cause fut dans les projets de guerre que méditait le cardinal de Richelieu et qui se réalisèrent par la seconde des guerres de religion et le siège de la Rochelle. Ce droit était : 1° de 13 sols 6 deniers par quintal de fer ; 2° de 18 sols par quintal de quincaillerie grosse ou menue ; 3° de 20 sols par quintal d’acier ; 4° de 3 sols 4 deniers par quintal de minerai de fer. En 1633 des conservateurs des fermes avaient été créés ; des lieutenants-conservateurs leur furent adjoints en 1639. Le prélèvement de 6 deniers par livre était attribué sur les aides à ces deux classes d’officiers ; mais leur suppression en 1640, profita au roi qui se rendit maître de cette allocation ; une nouvelle taxe de 12 deniers y fut [4.1]réunie, et un édit de 1654 créant un nouveau sou par livre, éleva à cinq sous cette subvention qui depuis fut perçue sous le nom de parisis. La guerre qui venait de finir avait rendu nécessaire cet accroissement d’impôt, mais le traité de Westphalie qui amena la paix n’en fut pas le terme. En 1656, une subvention fut imposée sur les vins sortant des six élections de la Bourgogne, et depuis elle fut connue sous le nom de droit du pont du Joigni. Des péages avaient été anciennement perçus par les seigneurs dans leurs fiefs sur les routes et les rivières ; en 1633 le roi supprima ceux qui existaient sur la Seine et les remplaça par un droit de navigation établi sur ce fleuve, d’un port à l’autre et sur les rivières affluentes jusqu’à Rouen. En 1658 une subvention nouvelle de 12 deniers fut ajoutée au parisis et forma la perception connue sous le nom d’augmentation. Le doublement de l’octroi des villes fut ordonné en 1633 et la moitié de la perception attribuée au roi franche de toute charge. Le tabac importé en France, ne fut d’abord imposé qu’à l’entrée du royaume ; mais en 1674 la consommation était devenue si générale que l’état put y puiser une importante ressource. Le commerce en fut dès lors interdit aux particuliers et la vente exclusive réservée au roi. La nouvelle guerre qui remplit l’intervalle de 1688 à 1697, créa de pressans besoins et avec elle reparut en 1689 le droit de jauge et de courtage ; deux ans après celui de poids-le-roi, perçu dans les fiefs sur la pesée des marchandises devient domanial, et le droit sur les suifs et chandelles introduit sous Charles VII, puis supprimé, fut rétabli en 1693. En 1704 la création des inspecteurs des boucheries, et celle des inspecteurs des boissons en 1705, les droits qui leur étaient dévolus, abolis et ensuite reproduits, donnèrent naissance à une perception, connue dès lors sous le nom de droits rétablis. En 1716 les huiles et les savons furent imposés à la fabrication par une déclaration du 21 mars. En 1722 les octrois, furent étendus et leur nouveau produit fut affecté aux hôpitaux et aux besoins des villes, ce qui les fit nommer octrois des hôpitaux et octrois municipaux. Une subvention frappa en 1758 la plupart des villes ; diverses taxes furent créées pour l’acquitter. Le terme de leur perception était de six années, mais à l’expiration de ce temps, ces taxes furent déclarées revenus du roi et elles prirent le nom de droits réservés. Les droits attribués aux offices supprimés furent reçus au nom du roi en 1758. Eh 1759 un édit imposa un droit unique sur les cuirs tannés et apprêtés. (Suite au prochain numéro.)
ORIGINE DES POUPÉES. Il n’est pas sans intérêt de connaître les causes qui ont donné lieu à des inventions, même les plus futiles, puisqu’elles représentent les goûts et les mœurs d’une nation dans un siècle éloigné. Voici l’origine de la poupée : Le nom de poupée vient de pupae, diminutif de pupilla (pupille) qui signifie dépendant. Le mot pupae désignait encore, vers le 16e siècle, une fillette ou jeune fille, et voici ce que raconte à ce sujet villardin1, auteur du dictionnaire des Etymologies Gauloises (édition de Paris, 1540). « L’invention, dit-il, de l’objet qui porte le nom de poupée eut lieu sous le règne de Charles VIII. Il était d’usage ou plutôt de mode que les femmes portassent à leur ceinture, comme un bel ornement, un petit miroir et une amulette représentant Ste Geneviève patronne de Paris. Ces objets se renouvelaient ordinairement au premier jour de chaque année, par des parens ou des amis, qui comme aujourd’hui donnaient ou recevaient des étrennes. Plus tard le symbole religieux ayant disparu, la figure fut remplacée par une [4.2]autre purement mondaine, et en 1481 une duchesse de Ponchardin ayant donné une Pupa pour étrennes à la fille cadette du duc de Lorraine, cet exemple fut bientôt imité chez les grands et l’usage en a passé depuis toutes les conditions. Alors elles étaient en métal, aujourd’hui elles sont le plus ordinairement en carton, etc. » Cet usage encore usité de nos jours, le sera apparemment encore long-temps, ce joujou étant celui qui est le plus généralement du goût des petites filles. L’invention des colifichets qui lui servent de parures, seconde merveilleusement leur inclination pour la toilette ; en même temps qu’elle dispose leurs doigts agiles à l’exercice d’un art qui un jour peut leur être d’un grand usage. C. Beaulieu.
MACHINES A VAPEUR. La statistique suivante a été dressée à la fin de l’année 1833. On comptait en France, à cette époque, 947 machines à vapeur de la force de 14 746 chevaux. Dans ce nombre il s’en trouvait 759 d’origine française, 144 étrangères et 44 dont l’origine n’avait pas été constatées. Sur les 903 machines d’origine connue 334 étaient à basse pression et 569 à haute pression.
Le mot de la dernière charade est : Brochure, dans lequel on trouve Broc et hure.
TOMBOLA CHARIVARIQUE. Nous avons déjà annoncé ce nouveau mode de souscription. Chaque billet est bon pour deux lithographies à choisir immédiatement parmi les caricatures de mœurs publiées par Aubert, ou l’une des 24 planches de l’association pour la liberté de la presse, dessinées par Grandville. Le premier numéro du premier tirage de la loterie de Paris, du mois d’août, indiquera la série gagnante. Les cinq numéros du tirage suivant, de la même loterie, indiqueront les cinq numéros de cette série qui gagneront les primes, savoir : 1re Prime. Collection complète de la caricature, 9 v. élégamment reliés, valant 300 fr. 2e Prime. Collection complète du Charivari, 10 v. valant 200 fr. 3e Prime. Revue des Peintres, 75 dessins sur papier de Chine, tirés exprès. 4e Prime. Abonnement gratuit d’un an à la Caricature. 5e Prime. Idem au Charivari. Le prix du billet est de UN FRANC. Cette tombola a pour but de payer les deux dernières amendes du Charivari. On Souscrit au bureau de la Tribune Prolétaire, rue Grôlée, n° 1 et chez M. Marius Chastaing, rédacteur en chef, rue du Bœuf, n° 5, au 2e, où l’on peut voir les gravures. – On peut aussi les voir au Café du Commerce, place des Terreaux.
(60-1) A VENDRE. Un atelier de trois métiers d’unis et quelques meubles tels que lits pour ouvriers, etc. – Appartement de deux pièces avec soupente à louer de suite pour cause de départ. – S’adresser, rue Juiverie, n°8, au 2e. (59-1) Transport et déménagemens par voitures sur ressort à l’instar de Paris. Le sieur BALAN prévient le public qu’il vient de faire confectioner des grandes voitures sur ressort, couvertes et bien fermées, pour effectuer avec sécurité le transport de toutes sortes de meubles et effets pour la ville et la campagne. S’adresser, pour traiter, audit BALAN, cours Lafayette, en face du pont, aux Brotteaux ; ou chez ARTARIA, opticien, pont de Pierre, n° 2 ; ou bien à la Remise, rue du Pérat, n° 32, place Bellecour, à Lyon. (58-1) PROCÈS des accusés d’avril devant la cour des pairs, publié de concert avec eux, par M. Pagnerre. PORTRAITS des principaux prévenus et défenseurs. FAIT préliminaires du procès, etc., 1 vol., in-8°. Voir les détails dans les précédens numéros de la Tribune prolétaire.
Notes (FABRIQUE DE LYON . [1.1] La crainte de...)
Référence ici au Courrier de l’Isère. Journal constitutionnel de Grenoble, publié depuis 1819.
Notes (NOTICE SUR LES IMPOTS INDIRECTS. Les Romains...)
Il s’agit très probablement ici du juriste et historien Etienne Pasquier (1529-1615) auteur notamment des Recherches de la France (1560).
Notes (ORIGINE DES POUPÉES. Il n’est pas sans...)
Peut-être tiré plutôt ici du Dictionnaire étymologique de la langue françoise, de Gilles Ménage (1613-1692).
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