L'Echo de la Fabrique : 3 mars 1832 - Numéro 19

ABUS.1

réglement des comptes.

Les abus qui résultent du défaut de la non-exécution du balancement des comptes sur toutes les pièces, sont nombreux, et en occasionnent une foule d’autres de [3.1]tous genres ; d’abord, 1° parce que lorsque les comptes n’étant pas réglés, toutes les pièces, l’ouvrier, ainsi que le négociant, restent en suspend sur le résultat de la balance ; 2° l’ouvrier, qui est en avance de matières, n’ose point en réclamer le montant, malgré ses pressans besoins, son avance n’étant point constatée par le réglement des comptes, de matières ou d’argent ; 3° si les matières que l’ouvrier emploie sont humides ou de qualité inférieures, il ne peut s’apercevoir de l’énormité de son solde qu’au réglement définitif ; 4° lorsque le négociant a une vingtaine de pièces à régler, gardant le livre une quinzaine de jours par devers lui pour cette opération, il en prive le chef d’atelier, qui ne peut reconnaître les matières qu’il reçoit dans cet intervalle de temps ; 5° l’ouvrier, à qui un nombre de pièces sont restées à régler, ainsi qu’à porter en façon, se trouve souvent en solde, soit par erreur ou toute autre cause impossible à découvrir ; 6° il est indispensable que l’ouvrier soit présent lorsque l’on règle ses comptes, rien ne devant être écrit sur les livres que d’un commun accord. Ainsi l’on ne persuadera jamais un ouvrier à qui l’on a, par négligence, laissé ses comptes en désordre pendant une année, et qui, après le dépôt durant quinze jours de son livre chez le négociant pour le régler en définitif, se trouve en solde, qu’il n’est point trompé, et qu’il n’est point victime de la négligence des commis du fabricant.

Les règles que nous proposons sont suivies par plusieurs honnêtes négocians qui en ont l’habitude depuis de longues années, qui sont eux-mêmes surpris de la négligence d’un trop grand nombre d’entre eux à ce sujet, et de l’absence d’un réglement général qui devrait être adopté par toutes les maisons de commerce.

Nous nous résumons, en disant que, pour rétablir la confiance mutuelle qui doit exister entre le commerçant et l’ouvrier, but auquel doivent tendre tous les amis de la justice et de l’humanité, les règles que nous avons indiquées doivent être généralement suivies, et les comptes, s’ils ne peuvent être réglés, doivent du moins être additionnés à toutes les pièces, lesquelles devraient être en même temps portées à façon ; qu’à défaut par le négociant de tenir ses compte en règle, les erreurs provenant de l’irrégularité de la tenue des livres, seront à sa charge, comme étant seul chargé d’écrire sur les livres, et responsable de tous les actes de la comptabilité.

Notes de base de page numériques:

1 L’auteur de ce texte est Joachim Falconnet d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

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