L'Echo de la Fabrique : 11 mars 1832 - Numéro 20

SUR L?HOSPICE DE LYON.1

Dans votre numéro du 5 février dernier j?ai réclamé contre le péage que perçoit l?hospice de Lyon sur chaque personne qui entre, soit qu?elle veuille aller voir un parent, un ami malade, soit qu?elle veuille consulter le chirurgien-major dont l?appartement se trouve dans une aile reculée des bâtimens. Ma lettre était conçue dans la forme du doute et dans l?intérêt de la classe pauvre, principalement appelée à payer cet impôt que je crois arbitraire. Le Journal du Commerce l?a répétée avec l?observation jointe par vous, qu?il a approuvée, et par laquelle vous proposiez de remplacer cette perception illégale par un bassin dans lequel chacun déposerait une offrande volontaire. Ainsi l?administration des hospices a été bien et dûment avertie. Pourquoi garde-t-elle un silence dédaigneux ? elle a tort ou raison ; mais dans un cas comme dans l?autre, elle doit une réponse cathégorique. Qu?elle prenne garde. Son silence ne peut être interprété que comme un aveu de son impuissance à justifier cet impôt. Elle s?expose à le voir refuser, et par suite, à se voir traduite devant les tribunaux ; car le nouvel Hampden2 qui se refusera à payer sera sans doute arrêté comme perturbateur, mais il faudra bien ensuite [3.2]motiver cette arrestation ; il aura droit de rendre plainte contre ceux qui l?ordonneraient, contre ceux qui l?exécuteraient ; il pourrait même se croire en état de légitime défense. L?administration doit chercher à éviter un pareil conflit, et elle ne le peut que par une mesure prompte et décisive. Il est dit dans les saintes écritures : « Malheur à celui par qui arrive du scandale ! » J?oublie qu?il n?y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ; mais en criant fort et long-temps, celui qui ne veut pas entendre et qui cependant n?est pas sourd, finit par entendre. C?est ce que j?espère.

Agréez, etc.

Marius Ch??

Notes de base de page numériques:

1 L?auteur de ce texte est Marius Chastaing d?après la Table de L?Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
2 En 1637, alors qu?une partie de la gentry et de la bourgeoisie anglaises s?opposait à la politique économique et sociale de Charles I, John Hampden, ancien député, préféra passer en justice plutôt que de payer le ship-money. Cette taxe instituée en 1635 pour équiper la flotte de guerre et ne touchant initialement que quelques ports et régions maritimes avait été généralisée arbitrairement à tout le royaume.

 

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