L'Echo de la Fabrique : 11 mars 1832 - Numéro 20

Vous connaissez M. de Crac de Colin d?Harleville1. Vous savez que dans une scène M. de Crac et son fils renchérissent sur le mensonge afin de s?arracher ces mots : Ce n?est pas vrai. Eh bien ! ces mensonges ne sont rien en comparaison de ceux mis en usage par deux journaux de cette ville, la Gazette et le Courrier de Lyon. La première de ces feuilles, dans sa tendresse jésuitique pour les ouvriers, fait un tableau des misères qui accablent la classe industrielle, qui n?est pas très-vrai, en portant le nombre des métiers inoccupés à dix mille. Mais voilà que le Courrier, pour lui répondre, montre les ouvriers ayant d?un commun accord résolu de ne travailler que la moitié de la semaine. Chaque journée, dit-il, rapporte au moins dix francs.

Bienheureux ouvriers ! vous vous plaignez et vous gagnez dix écus dans trois jours? Si l?éloquent M. Fulchiron avait su cela, il n?aurait pas dit à la tribune que vous gagnez de 28 à 32 sous ; mais il était réservé au Courrier de Lyon, de mettre votre gain au grand jour.

Nous nous abstenons de toute réflexion de peur que, par une faute de typographie, le Courrier ait voulu dire dix sous par jour au lieu de dix francs ; car nous pourrions au besoin citer certains articles qui n?offrent pas un gain plus élevé aux ouvriers.

Notes de base de page numériques:

1 L?auteur de ce texte est Marius Chastaing d?après la Table de L?Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
Jean-François Collin d?Harleville (1755-1806), poète comique ; sa comédie, M. de Crac dans son petit castel fut présentée et publiée une première fois en 1791-1792.

 

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