L'Echo de la Fabrique : 22 avril 1832 - Numéro 26

AU MÊME.

Des malveillans se plaisant à répandre dans le public que les parens qui confient leurs enfans aux soins du Bureau des Nourrices, sont trompés de toutes les manières par le gérant de cet établissement, je préviens mes concitoyens que cette accusation bien ou mal fondée ne saurait m?atteindre : d?abord, parce que lors de ma première gestion la plus juste et la plus entière confiance m?a toujours été accordée. En second lieu, parce que depuis l?époque où, seulement pour cause d?opinion politique, je fut destitué d?une manière aussi brutale qu?arbitraire, il s?est écoulé seize ans, et qu?il n?y a pas encore deux mois que j?ai ouvert le nouvel établissement que je gère sous la dénomination d?Ancienne Direction générale des Nourrices, place St-Jean, en face de l?église.

On verra donc facilement, par ce rapide aperçu, que ce n?est point sur l?ancien directeur, indignement dépouillé en 1816, d?un établissement qui était sa propriété, que les gens trompés ou mal intentionnés peuvent déverser le blâme ou la calomnie. C?est surtout, ce dont il m?importe d?instruire mes concitoyens qui, comme précédemment, trouveront toujours dans l?ancienne direction loyauté, prudence, surveillance exacte, et ce sentiment d?honneur, de délicatesse, de probité intacte que jamais personne ne pourra victorieusement me contester.

Persuadé que cette déclaration suffira pour que les parens circonvenus par des rapports mensongers m?accordent leur confiance, je crois pouvoir les assurer que pour l?obtenir je suis disposé à faire les plus grands sacrifices, surtout en faveur de la classe ouvrière, aujourd?hui si gênée ! C?est en considération de cet état de gêne pénible? qu?elle obtiendra une forte réduction sur les droits qui me sont alloués ; car, pour elle, tous les frais de placement ne s?élèveront pas à plus de 4 fr. ; savoir : pour une demande de nourrice, 2 fr., et pour l?enregistrement, 2 fr. En outre, on lui donnera toutes les facilités possibles pour effectuer le payement des mois de nourrice, sans que pour cela les engagemens contractés par l?établissement envers les parens, pour la surveillance immédiate qu?il doit exercer sur leurs enfans, soient moins sacrés et moins équitablement remplis.

J. M. Poujol

Note du Rédacteur. On ne doit pas assimiler les Bureaux de Nourrices, aux autres agences d?affaires dont l?établissement, comme toute entreprise commerciale, n?est astreint à aucune règle que celle de la patente. Le Bureau des Nourrices a été créé à Lyon par lettres patentes du? mai 1780, et mis à cette époque sous la direction de l?administration des hospices, dont en effet, il paraît être une dépendance. Le premier titulaire fut M. Rousset, père du commissaire-priseur actuel. M. Poujol lui a succédé le 5 avril 1809 ; mais en 1816, il fut destitué par arrêté du préfet, motivé sur ses opinions libérales. Cette direction importante fut confiée à un homme illitéré qui s?adjoignit son fils duquel M. Brunet l?a achetée. M. Poujol vient enfin d?obtenir justice, et il a été autorisé par arrêté de M. Bouvier-Dumolart, du 7 septembre dernier, à ouvrir un bureau de nourrices, concurremment avec le sieur Brunet. A cette occasion, ce préfet lui dit que s?il fallait réparer complètement toutes les injustices de la restauration, il faudrait évincer les trois quarts des gens en place.

Dans l?intérêt de la classe ouvrière, nous ne saurions trop recommander aux parens de s?adresser directement à ces Bureaux. Le sacrifice est léger, à bien calculer ce n?en est pas un. Il y a même économie de temps et de dépenses. L?avantage est incalculable : le premier de tous c?est d?assurer la santé de l?enfant, seul bien du prolétaire.

 

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