L'Echo de la Fabrique : 13 mai 1832 - Numéro 29

Nous avons entre nos mains une déclaration écrite et signée1, qui nous garantit l?authenticité des faits suivans :

Les sieurs Signé et Fatin, fabricans, ne payent les schalls fond satin, dits indiens, qu?à raison de 60 c. le mille ; tandis que le même article est payé par MM. Chaninel et Monet, St-Olive et Germain, 85 c. Qu?on juge, d?après une telle différence de prix, quelle doit être la perte du chef d?atelier.

On nous dira que le fabricant est libre de payer ce qu?il veut, et que l?ouvrier est libre aussi d?accepter ou de ne pas accepter ; mais combien d?ouvriers sont-ils forcés, par leur position, à prendre de l?ouvrage à bas prix, dans la crainte d?en manquer totalement ? Il ne s?ensuit pas de là que le fabricant, abjurant toute conscience, doive, profitant de sa position, faire travailler cet ouvrier pour rien, afin de l?aggraver encore. Des négocians consciencieux payent bien un prix au-dessus ! et ceux que nous avons cités, ne seront sans doute point accusés de manquer de talens commerciaux. Pourquoi MM. Signé et Fatin ne payent-ils pas les façons comme eux ??

L?Echo de la Fabrique ne manquera jamais de publier de pareils faits ; et quiconque les renouvellera, sera signalé sans ménagement à l?opinion publique ; car les écrivains de cette feuille ne garderont jamais le silence sur ceux qui spéculeront sur la misère des ouvriers. Leur tâche est difficile à cet égard ; mais ils la rempliront avec zèle et courage.

Notes de base de page numériques:

1 L?auteur de ce texte est Joachim Falconnet d?après la Table de L?Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique