Ce faubourg situé à l’extrémité orientale de Lyon, et au-delà du Rhône, qui le sépare de cette ville, se distingue des autres faubourgs de cette cité sous plusieurs rapports ; placé à la jonction des grandes avenues de l’Italie et des pays méridionaux de la France ; sa position le rend très-populeux, très-passager et très-commerçant ; les routes qui viennent y aboutir entretiennent un mouvement continuel, augmenté encore à raison de sa communication facile avec Lyon, par le pont qui porte le nom de ce faubourg. Ce pont est le plus ancien de notre cité, puisque sa fondation, selon les historiens, remonte, pour celui qui était en bois, au-delà de 1150, et pour celui en pierre qui existe aujourd’hui, à 1244.
L’élargissement de ce pont a été à diverses époques l’objet de la sollicitude de plusieurs philantropes et des magistrats de Lyon. Son étroitesse a été cause de plusieurs événemens tragiques que nous ne rapporterons pas, attendu qu’on peut facilement les connaître par les longs détails qu’en ont donnés tous les auteurs qui ont écrit sur Lyon ; nous ne parlerons pas non plus des fêtes célèbres des derniers siècles, entr’autres celles du cheval fou, des brandons, de St-Denis, dont le récit n’est pas sans intérêt pour ceux qui s’intéressent aux progrès des lumières d’un peuple et pour qui ces événemens sont des leçons que l’histoire a eu soin de recueillir. Cependant nous ne saurions terminer ces observations historiques sans rappeler que c’est dans ce faubourg qu’a pris naissance cet asile célèbre destiné au soulagement des maux et des souffrances réservé à la faible humanité, lequel plus tard s’est transformé en superbe monument sous le nom d’Hôtel-Dieu, qu’un de nos rois, Childebert et Ultrogotei1 sa femme, dotèrent avec une grande munificence, qui leur a valu le titre de fondateurs de cet hospice, ni sans rappeler aussi que c’est dans une chambre du château de la Mothe, aujourd’hui détruit et remplacé par une formidable redoute ou fort, que Henri IV, de populaire mémoire, [7.1]passa la première nuit de ses noces avec Marie de Médicis, le 17 décembre 1600ii.
Selon quelques auteurs, le nom de Guillotière vient de Guy-L’hostière, ab hospice urico, dans l’opinion où l’on était que c’était là que les druides déposaient le guy de chêne, après l’avoir cueilli dans le Dauphiné. D’autres soutiennent que ce nom vient de Grillotière à cause de la multitude d’animaux surnommés grillets qui s’y trouvaient. Mais Paradin, au contraire, soutient que ce faubourg avait été nommé ainsi en 1500, à cause des grelots et sonnettes des mulets de voiture dont il n’est jamais dégarni.
La population de ce faubourg, en 1831, était de 18,294 habitans ; on y comptait près de 470 métiers pour la fabrication d’étoffes de soie. De même que la Croix-Rousse, ce faubourg a été érigé en commune. Il existe maintenant une décision municipale envoyée au ministère pour séparer ses dépendances d’avec celles des Brotteaux.
C. Beaulieu.