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30 octobre 1831 - Numéro 1
 
 

 



 
 
    
LE VINGT-CINQ OCTOBRE 1831

Air du bon Pasteur (de Béranger1).

Lisette, ma douce amie,
Pare ton corset de fleurs ;
Dieu, protégeant l'industrie,
Vient de finir nos malheurs.
Tu ne seras plus pauvrette ;
Allons ! reprends ta gaîté ;
Chante avec moi, bonne Lisette,
Chante vive la liberté !

Autrefois, sous nos vieux maîtres.
Le magistrat orgueilleux,
Fier de ses nobles ancêtres,
Aurait repoussé nos voeux :
Aujourd'hui, sans étiquette,
L'artisan est écouté.
Chante avec moi, bonne Lisette,
Chante vive la liberté !

[8.2]Riante apparaît l'aurore,
Plus de chagrins, de soucis ;
Je me réjouis encore
Du bonheur de mes amis.
Du travail, une couchette,
Puis vient la prospérité.
Chante avec moi, bonne Lisette,
Chante vive la liberté !

N'écoutant point le caprice
D'un financier courtisan,
Désormais on rend justice
En faveur de l'artisan.
Peut-être un riche regrette
Mainte vieille autorité :
Chantons toujours, bonne Lisette,
Chantons vive la liberté !

Vois-tu mes amis, mes frères,
Fiers de porter ce drapeau,
Autour de couleurs si chères
Ne former qu'un seul faisceau !
En vain viendrait la tempête,
Le Français est redouté,
S'il peut chanter, bonne Lisette,
Chanter vive la liberté !

A.V.2

Notes (LE VINGT-CINQ OCTOBRE 1831)
1 Célèbre chansonnier. Élevé à Paris par son grand-père, tailleur rue du Faubourg-Saint-Antoine, il fréquente l?institut laïque de M. Ballue de Bellenglise, véritable club où l?on cultive la harangue et les maximes révolutionnaires. Il exerce ensuite divers travaux tout en composant poèmes et chansons. Ses premières créations eurent le bonheur de plaire à Napoléon pour lequel il éprouve d?abord une vive admiration avant de le juger sévèrement. Emprisonné en deux fois sous la Restauration pour Chansons (1821) et Chansons inédites (1828), chansons patriotiques qui expriment la haine de l?envahisseur, mais se moquent aussi des émigrés et attaquent les congrégations religieuses, il devient un héros national. Il se rallie à la monarchie de Juillet, mais jaloux de son indépendance il se dérobe à tous les honneurs, usant de son crédit pour venir en aide aux malheureux. Son dernier recueil, Chansons nouvelles (1833) est marqué par ses préoccupations sociales. Il est élu malgré lui aux élections de 1848 et demande qu?on accepte sa démission. Voir Jean Touchard, La Gloire de Béranger, Paris, Colin, 1968, 2 tomes.
2 Originaire des Cévennes, Antoine Vidal (1796-1832) avait d?abord exercé le métier d?instituteur dans une commune proche de Lyon, St-Didier au Mont-d?Or. Il fut également ouvrier en tulles. Il était considéré à Lyon comme un homme de lettres, le « Béranger lyonnais » et il avait publié en 1827 un recueil de textes poèmes et chansons, Le galoubet d?un patriote. Appelé par Falconnet, il sera le premier rédacteur de L?Echo de la Fabrique, signant de nombreux articles, et il en sera gérant une courte période de mai à début août 1832. Référence : Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, ouv. cit., III, p. 501. Egalement Jeremy. D. Popkin, Press, Revolution and Social Identities in France (1830-1835), University Park (Penn.), The Pennsylvania State University Press, 2002, p. 142-143. Voir enfin le numéro 42 de L?Echo de la Fabrique, « Funérailles du gérant de L?Echo » (12 août 1832), en particulier les discours de Falconnet, Chastaing et Arlès-Dufour.

 

 

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