Nous lisons dans le Courrier de Lyon, du 27 mai, le passage suivant :
« Le discours de M. le préfet, à l’installation du conseil des prud’hommes, contient des vues sages et des propositions saines auxquelles nous nous empressons d’applaudir. Toutefois nous regrettons de dire qu’il y a un point que nous ne pouvons approuver, et à l’égard duquel nous sommes obligés de faire des réserves, que nous justifierons plus tard, quand l’occasion s’en présentera. »
Nous ne sommes pas étonnés de voir cette feuille attaquer par des demi-mots, par des insinuations, le discours de M. le préfet. Ce digne magistrat a parlé d’égalité, d’oubli de rang ; il a parlé de cette fusion qui devrait avoir lieu entre le pauvre et le riche, fusion qui amènerait la prospérité dans nos manufactures. Un discours ainsi écrit a dû déplaire au journal qui s’efforce, par tous les moyens, de porter la désunion entre les travailleurs et les hommes faisant travailler, en les séparant en deux camps, en montrant enfin le pauvre envieux de la position du riche, et prêt à tout entreprendre pour satisfaire cette envie.
Mais ce n’est pas encore ce qui déplaît le plus au Courrier de Lyon, dans le discours du premier magistrat du département ; nos lecteurs savent tout ce qu’a dit cette feuille d’une jurisprudence et d’une mercuriale, M. le préfet engage MM. les prud’hommes à faire légalement l’une et l’autre, et le Courrier n’en veut pas ; voilà le mot de l’énigme ; voilà la cause des demi-mots, des petites insinuations et des réserves. Pauvres gens ! toujours de petites passions ! et tout cela pour vos petits intérêts…
Le discours de M. le préfet a déjà porté son fruit. Les travailleurs reprennent cette confiance que donnent toujours les paroles sages des magistrats ; et M. le préfet se consolera facilement des réserves de quelques cœurs froids, de quelques égoïstes, en pensant qu’une immense population a applaudi à ses paroles pleines de sagesse, d’espérance et de vues conciliatrices.